Où en est l’Afghanistan ? 2. Santé, protection de l’enfance et éducation

Selon l’UNICEF, « la crise humanitaire est loin d’être terminée ». De nombreuses familles ont été contraintes de quitter leur foyer, et dans les régions les plus reculées d’Afghanistan, l’acheminement du matériel médical et des vivres est toujours très difficile. Les femmes et les enfants restent les plus menacés.

Du 20 au 22 mai 2003 s’est déroulée la deuxième campagne des Journées Nationales de Vaccination (JNV), durant laquelle six millions d’enfants ont été vaccinés contre la polio. Le gouvernement a décidé d’associer à cette campagne le premier programme national d’enregistrement des naissances, qui doit permettre de garantir un minimum de droits aux enfants (« vaccination, scolarisation, protection contre la traite, droit de vote et droit de participation à l’avenir de [leur] pays »), le but étant de « récolter des informations de base sur tous les enfants de moins d’un an et créer un registre central ».
Parallèlement, la campagne « Rentrée des classes » de l’UNICEF a été un réel succès : trois fois plus d’enfants que les 1,78 millions prévus seraient retournés à l’école après la réouverture officielle des établissements le 23 mars, amenant ainsi le nombre d’enfants scolarisés à son double par rapport à 2001 (« 4,2 millions d’élèves d’école primaire, dont un grand nombre de filles, devraient retourner en classe au cours de l’année 2003-2004 ») ; la Journée nationale d’unité pour les enfants, le 20 mai 2003, a d’ailleurs été l’occasion d’ouvrir des écoles neuves ou rénovées.
Mais le plus dur reste à faire : il faut former des enseignants et approvisionner les établissements en fournitures, ce que l’état du pays ne permet pas actuellement.
De plus, instruire les enfants ne suffit pas : dans un pays où seulement 51,9% des hommes et 21,9% des femmes savent lire et écrire, l’accent doit également être mis sur l’alphabétisation des adultes. Ainsi, le projet LAND AFGHAN (Literacy and Non-formal Education Development in Afghanistan), lancé le 28 janvier 2003 par un accord entre l’UNESCO et le gouvernement afghan, tente de mettre en place un solide réseau d’alphabétisation en formant le personnel et en fournissant le matériel nécessaires, tout en veillant à ce que les femmes puissent bénéficier du projet.

L’UNICEF rappelle que seulement 72 % des 191 millions de dollars nécessaires à leur mission ont été recueillis, ce qui menace la continuité des projets. L’action de l’organisation est cependant déjà notable : elle a par exemple fourni des vêtements chauds a plusieurs centaines de milliers d’enfants pour affronter l’hiver, fourni du matériel d’obstétrique à 8 hôpitaux et 12 dispensaires ainsi que des groupes électrogènes pour alimenter les salles abritant les femmes et les enfants à 12 hôpitaux, mis en place des campagnes sanitaires…

Les actions mises en place par les organisations internationales ont donc déjà commencé à prouver leur efficacité, mais il ne s’agit que de programmes d’urgence. En sera-t-il de même pour les projets à long terme ? Il semble que, déjà, une question de taille freine certaines initiatives : l’argent. Les financements viennent à manquer quand les résultats sont trop éloignés dans le temps pour être certains.

L'Afghanistan et nous

Les détracteurs des Etats-Unis utilisent beaucoup l'argument de l'Afghanistan pour dénoncer la guerre d'Irak : selon eux, la situation dans ce pays ne s'est guère améliorée et n'est pas prête de l'être, l'administration américaine se délaissant peu à peu de ce « fardeau ».
Qu'en est-il exactement ? Quels progrès ont été effectués depuis l'arrêt des opérations militaires ? Quelles initiatives sont en place ?
Pour tenter d'y voir plus clair, j'entame aujourd'hui une série de publications de comptes-rendus de recherches effectuées sur le Net.

Carte de l'Afghanistan

Où en est l'Afghanistan ? 1. L'agriculture

Selon la FAO, (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), la récolte céréalière de cette année dépasse tous les records, atteignant les 5,37 millions de tonnes de céréales, ce qui diminue considérablement les besoins d’importations. Davantage de plantations, une utilisation plus répandue d’engrais, des programmes d’aide et un climat favorable en sont à l’origine.
Cependant cette réussite n’annonce pas forcément un progrès durable : en effet, certaines difficultés sont à prévoir pour l’année prochaine. Ainsi, le prix du blé a chuté dans certaines régions, engendrant des difficultés financières pour les agriculteurs, et les Afghans doivent faire face à une famine persistante, malgré l’abondance des récoltes : l’efficacité des infrastructures agricoles étant fortement amoindrie, voire inexistante, il restera des foyers de malnutrition dans les régions pauvres.
La situation agricole reste donc très précaire, pour les récoltes comme pour l’élevage, pour lequel des risques d’épizootie subsistent, et il est trop tôt pour considérer les résultats actuels comme des progrès acquis.

Cancún : le bilan

Le bilan de la cinquième conférence ministérielle de l’OMC qui s’est déroulée du 10 au 14 septembre dernier à Cancún, au Mexique, tient en un seul mot : échec. Les négociations n’ont abouti à rien, les pays pauvres refusant de se laisser faire, et ce principalement sur une question : celle de l’agriculture, et plus particulièrement les subventions que les pays développés accordent aux producteurs occidentaux pour faciliter leurs exportations (voir l’article du 3 septembre).
Alors qu’ils ont bien voulu attendre la fin de la conférence pour analyser les divergences qu’on a pu y observer, les journalistes semblent plus traiter de cet échec qu’il ne l’avaient fait de la préparation et des enjeux du sommet avant son ouverture. « On vous l’avait bien dit » ?
Pourquoi est-ce que je suis la seule à me prendre la tête sur des sujets qui prennent la tête?
Je préférais samedi soir, à Bastille, quand on avait tous trop bu...

Les gens normaux s'en foutent

J'étais en train de regarder "The Big One" de Michael Moore sur Arte. Le principe de ce documentaire est de dénoncer les entreprises qui licencient alors qu'elles réalisent des profits records. Quelquechose me tracasse. Comment un système peut-il fonctionner sur la base de licenciements?
Les entreprises qui usent de cette pratique alignent toujours le même argument : "nous souhaitons rester compétitifs". Et tout le monde se demande toujours comment une entreprise peut rester compétitive en perdant du personnel alors qu'elle n'a jamais aussi bien marché. Et tout le monde se dit que c'est un argument qui n'est pas valable, qui ne peut pas être valable, vu son absurdité.
Et pourtant, c'est réellement nécessaire, économiquement prouvé : pour rester compétitive, une entreprise doit effectivement licencier, elle doit toujours réduire ses coûts de production, etc. Si elle garde la même ligne de conduite, elle coule. Peut importe si elle est prospère.
Il n'est donc pas question ici de critiquer cet argument ni les sociétés qui les utilisent, puisqu'elles ont visiblement raison de le faire. Ce qui me dérange, c'est la logique même du système. Ce qui me dérange, c'est qu'un système soit assez "malade" pour fonctionner grâce aux licenciements. En fait j'appellerais plutôt ça un "dysfonctionnement".
Mais qui a dit que le système fonctionnait?

Est-ce toujours normal de penser qu'il faut changer ce qui n'est pas normal?

www.michaelmoore.com

Quand le libre-échange assomme les pays pauvres

À la veille de la cinquième conférence ministérielle de l’OMC qui doit se tenir du 10 au 14 septembre 2003 à Cancún, au Mexique, de nombreuses questions se posent quant à l’efficacité des programmes d’aide agricole aux pays pauvres, en particulier concernant le libre-échange avec les pays développés. Il semblerait que cette politique économique, au lieu d’améliorer l’agriculture des pays en développement en favorisant notamment les exportations, la menace au contraire, freinant ainsi l’économie et le processus de développement.

Pour M. Robert Zoellick, représentant des Etats-Unis aux négociations commerciales multilatérales (département d’Etat des Etats-Unis), le libre-échange, relevant « de l’ouverture de l’économie et de l’incitation à son évolution », est censé contribuer au développement des pays pauvres. Dans une conférence de presse donnée le 19 février, il a rappelé que les Etats-Unis ne croient pas en une politique commerciale mercantiliste ou colonialiste qui chercherait à maintenir les autres pays dans une position d’infériorité.
Pourtant, de nombreux pays en développement voient leur situation agricole stagner, voire régresser. Bon nombre d’entre eux, qui peuvent pourtant potentiellement subvenir à leurs besoins, se trouvent inondés de produits étrangers qui menacent la production nationale et toute la classe paysanne (les conséquences sur l’économie, nombreuses, ne seront pas développées ici) du fait de l’abaissement des droits de douane. La plupart deviennent des importateurs net, alors que l’objectif premier était de développer leurs exportations ; de plus, alors que les pays développés peuvent aisément faire face à des prix trop bas grâce à des subventions considérables, les habitants des pays pauvres se retrouvent incapables de se fournir une alimentation de base.
Lors de sa conférence de presse, M. Zoellick avait notamment cité l’exemple du Mexique qui, après s’être tardivement intégré au GATT (ancêtre de l’OMC) en 1986 et avoir « signé l’Accord de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA) », puis « négocié huit accords de libre-échange avec 32 pays », a vu se multiplier « les investissements en provenance d’Europe, du Japon et d’ailleurs ».
A cette exception près qu’aujourd’hui, le Mexique s’avère être le parfait exemple de l’inefficacité de cette politique de libre-échange. Pire, sa situation agricole semble s’être dégradée depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA : avec l’ouverture des frontières et la libre circulation des marchandises et des capitaux qui a suivi, le pays n’a pu faire face à la concurrence que les Etats-Unis et le Canada lui ont imposé. Ainsi, même si le volume du commerce a progressé de 116% de 1993 à 2001 entre les trois pays (Le Monde diplomatique, août 2003), les importations de maïs, elles, sont passées de 2 à 148 millions ; de manière logique, le prix payé aux producteurs mexicains a parallèlement baissé de 64%.
Aujourd’hui, face à une crise sociale grandissante, le Mexique, qui a adopté une nouvelle politique agricole protectionniste, envisage de renégocier certains aspects de l’ALENA concernant les secteurs les plus touchés (céréales et poulets) (Ministère du développement économique et régional
québécois).

Les négociations sur l’agriculture se déroulant dans le cadre de l’OMC ont commencé début 2000. Elles suivent l’objectif établi par la Déclaration de Doha (élaborée pendant la conférence ministérielle de Doha de novembre 2001), qui consiste à « établir un système de commerce équitable et axé sur le marché au moyen d’un programme de réforme fondamentale ». « Le but est de remédier aux restrictions et distorsions touchant les marchés agricoles mondiaux et de les prévenir ». Lors de la conférence, plusieurs dates ont été fixées quant à l’organisation de ces négociations mais sont difficilement respectées ; dans son rapport distribué aux gouvernements membres de l’OMC le 7 juillet 2003 lors de la rencontre de Genève, M. Stuart Harbinson, président de la Session extraordinaire du Comité de l’agriculture, estime que « l’objectif consistant à établir des modalités dès que possible restait hors de portée... Les choses étant ce qu’elles sont, des orientations collectives et des décisions sont nécessaires sur un certain nombre de points essentiels pour atteindre [le but fixé par le mandat de Doha] », concrétisé par la date limite du 1er janvier 2005, dans le cadre d’un engagement unique (OMC).

Au vu de la mauvaise volonté avec laquelle les pays développés appliquent les décisions prises dans le cadre d’une politique de libre-échange qui favoriserait les pays pauvres (baisse des subventions, des droits de douane, institutions de barrières non tarifaires, etc.) et les impasses auxquelles les précédentes négociations ont abouties, la conférence ministérielle de Cancún, qui vise à « faire le bilan de l’avancement des négociations et des autres travaux requis par le Programme de Doha pour le développement », semble d’emblée condamnée...

Rapport annuel d'Amnesty International : les Etats-Unis menacent les droits de l'Homme

Le 28 mai 2003, Amnesty International a fait paraître son rapport annuel pour l’année 2003 (éd. EFAI pour la version française). Du Burundi à la Colombie, en passant par le Bangladesh ou la Côte d’Ivoire, de nombreux pays sont accusés par l’association d’avoir laissé commettre les pires exactions. Certains Etats de l’Union Européenne sont mêmes cités, dans une moindre mesure, comme la Belgique, la France ou l’Allemagne, dont la police ou autres agents de l’Etat se sont rendus coupables de tortures ou de maltraitances.
Mais parmi tous ces cas, celui des Etats-Unis ressort régulièrement et de manière frappante, étant donné la disparité des faits recensés ainsi que leur nombre. Le rapport décrit longuement les conditions de détentions des prisonniers étrangers arrêtés après le 11 septembre, dont ceux de Guantánamo Bay, à Cuba, que les Etats-Unis refusent toujours de « reconnaître comme des prisonniers de guerre » (et qui ne représentent que la moitié des 1200 personnes arrêtées, certaines étant déjà condamnées à mort, d’autres ayant été relâchées après avoir été détenues dans des conditions anormales).
Mais les violations des droits de l’homme recensées ne s’arrêtent pas là : l’association dénonce des violences commises sur des civils par des soldats américains en Afghanistan et au Yémen, des « mauvais traitements et recours excessifs à la force par des représentants de la loi », engendrant la mort dans certains cas, parfois même sur des mineurs, les « conditions de détention dans les prisons de très haute sécurité », pouvant s’apparenter à « un traitement cruel, inhumain ou dégradant ».
Il est toujours question de la peine de mort, qui continue de frapper les personnes souffrant d’un retard mental et celles mineures au moment des faits, et qui continue d’être appliquée malgré de nouvelles preuves d’erreurs judiciaires.
Enfin, les Etats-Unis n’ont pas l’intention « de ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale ». Ils « ont demandé à plusieurs gouvernements de s’engager, par des accords bilatéraux, à ne pas déférer à la nouvelle Cour pénale internationale les ressortissants américains accusés de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. Dans certains cas, le gouvernement américain a menacé de retirer son assistance militaire aux pays qui lui opposeraient un refus »

Premier

Voilà, premier jour de Stir WeBox. Je ne compte écrire ni régulièrement, ni dans l'intention de faire quelquechose d'important. Certains posts seront objectifs, d'autres non (je crois qu'il ne sera pas difficile de faire la différence...).
N'hésitez pas à me signaler d'éventuelles erreurs, de fond ou de forme.
Merci!

Flavie H

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