Equateur vs. Texaco

1972-1992. Epitaphe ? Pendant ces vingt ans, l’entreprise pétrolière Chevron-Texaco a ravagé la forêt équatorienne. Le 29 octobre dernier s’est achevé le procès qui oppose cette firme américaine aux 30 000 indiens et agriculteurs d’Equateur qui ont porté plainte contre elle pour dommages environnementaux.

Pendant vingt ans donc, Chevron-Texaco a déversé « 65 millions de litres de pétrole brut et plus de 75 milliards de litres d’eaux usées contenant des déchets toxiques sur la forêt équatoriale et dans les fleuves » (voir l’article de Rita Burgos), ainsi que quantité de mercure.
L’entreprise est notamment à l’origine de la construction, dans les années 1970, du Système d’Oléoduc Transéquatorien (SOTE), un pipe-line de 498 kilomètres de long qui traverse la forêt amazonienne et les Andes pour déboucher sur le Pacifique. Une gigantesque usine à pollution et maladies à cause de ses fuites, qui touchent particulièrement la région de l’Oriente, au nord-est du pays. Elles ont contaminé l’eau, la faune et la flore, causant des maladies telles que des dysenteries, maladies pulmonaires et de la peau et autres cancers le long des fleuves Napo, Aguarico et San Miguel. Au nord de la ville de Lago Agrio (aujourd’hui rebaptisée Nueva Loja), une ethnie entière a disparu.
Sans parler des 10 millions de kilomètres carrés que la forêt tropicale aurait perdus à cause de la pollution et des défrichements.

L’exploitation du pétrole équatorien par des compagnies étrangères a longtemps été encouragée par le gouvernement, le brut restant la plus importante ressource économique d’Equateur. La Texaco n’est pas la seule à en avoir profité : Tripetrol, Elf, Shell, Maxus ou Continental étaient également de la partie.

Le procès vient tout juste de s’achever, mais en réalité les indiens de la région sont entrés dans cette bataille juridique depuis plus de dix ans, avec de nombreux dépôts de plaintes devant le tribunal de New York et tout autant de rejets. Ils se sont finalement tournés vers la Cour supérieure de justice de Nueva Loja, qui a estimé leur plainte recevable au mois de mai dernier.
Les indiens et agriculteurs qui se sont attaqués à l’entreprise, représentant huit ethnies locales, réclament 1,5 milliards de dollars de dédommagement, alors que les experts considèrent que le coût des dommages causés s’élève à six milliards de dollars ; mais rien ne pourra rembourser tous les maux dont souffre la population locale depuis que l’entreprise s’est implantée là-bas. Aujourd’hui, la Chevron-Texaco est partie mais les fleuves et les sols sont toujours pollués, ce qui veut dire que les problèmes de la population sont loin d’être terminés. Qui s’en occupera ?

L’histoire de ces indiens n’est pas complètement noire. Elle montre que, après des années d’exploitation de leurs ressources (environnementales comme humaines), certains peuples du Tiers-Monde trouvent la force de s’organiser pour faire face aux pays occidentaux qui se sont implantés chez eux et sont repartis un beau jour, laissant derrière eux tellement de dégâts, et ce par le biais de la justice.
Le nouvel article se fait attendre, non ? Je sais, je sais... Le plus dur n'est pas d'écrire l'article, mais de trouver le sujet. L'un de mes "principes" est de traiter, en réponse aux sujets déprimants, noirs et révoltants, d'événements qui montrent que tout n'est pas déprimant, noir et révoltant.
Et c'est dur...


Bientôt...
Vu sur le site web de Courrier International aujourd'hui :

Plus de six mois après la fin des opérations militaires majeures en Irak, le New York Times rapporte une information qui éclaire sous un autre jour les préparatifs même de la guerre. “Alors que les soldats américains se massaient sur la frontière irakienne et que les diplomates glosaient sur la guerre, un conseiller influent du Pentagone a reçu un message secret d’un homme d’affaires libano-américain : ‘Saddam Hussein voulait conclure un accord’.” La rencontre s’est faite à Londres, au début du mois de mars 2003, entre Richard Perle, l’un des faucons de l’administration Bush, et Imad Hage, qui avait été chargé par le régime de Saddam Hussein de procéder à des négociations secrètes de la dernière chance. “Les responsables irakiens, dont le chef des services de renseignement, ont dit à l’homme d’affaires qu’il voulait faire savoir à Washington qu’ils n’avaient plus d’armes de destruction massive et qu’ils proposaient aux experts et soldats américains de mener les recherches. L’homme d’affaires a déclaré dans une interview que les Irakiens avaient également offert de remettre un homme détenu à Bagdad et accusé de participation à l’attentat contre le World Trade Center en 1993. A un certain moment, le camp de Saddam a aussi promis de tenir des élections”, rapporte le New York Times.

PhR
Et voici enfin et en exclusivité celui qui vous attendiez tous avec impatience : le cinquième et ultime épisode de la saga Où en est l’Afghanistan ? !!! (Comme quoi on peut faire du spectacle avec tout...)

Où en est l’Afghanistan ? 5. Sécurité intérieure

Ça n’est plus un secret, la coalition américaine peine en Afghanistan. Les 11 500 hommes, dont 8500 Américains, ont bien du mal à instaurer un climat de sécurité stable, la menace la plus importante restant celle d’une nouvelle percée des talibans. En effet, il semble que ceux-ci, réorganisés grâce à une nouvelle administration militaire et la reprise des activités de la plupart des anciens chefs, mènent des attaques de plus en plus nombreuses, en particulier dans les zones pachtounes, situées à la frontière avec le Pakistan, où les talibans trouvent de l'aide.
Pour beaucoup, la recrudescence des activités des talibans est directement liée au comportement des troupes de la coalition sur le sol afghan : irrespect de la culture locale sous de nombreuses formes et arrestations arbitraires et violentes, conséquences de la « chasse aux terroristes », sont notamment observés de manière trop fréquente. Certains Afghans en sont d’ailleurs venus à penser que le combat des Américains était dirigé contre les musulmans en général. De plus, les militaires se sont avérés incapables d’empêcher l’augmentation du banditisme, qui se généralise peu à peu ; terrorisée, la population commence à se tourner vers les talibans qui, selon elle, maintenaient une « paix » relative lorsqu’ils étaient au pouvoir.
D’autres pensent que le danger que représentent les talibans est exagéré par les « seigneurs de la guerre » avec qui la coalition a fait alliance, qui conserveraient ainsi un rôle majeur dans l’administration du pays alors que le poids du pouvoir central est toujours largement insuffisant.

Les problèmes de sécurité touchent également la population de manière indirecte. Ainsi, la situation sanitaire dans laquelle elle se trouve, déjà dramatique, s’avère de plus en plus difficile à gérer : les civils travaillant pour des ONG sont pris pour cibles lors des attentats car considérés comme alliés de la coalition, ce qui rend leur vie et leur travail extrêmement menacés.

Le Monde a récemment pointé du doigt l’intensification de la culture du pavot en Afghanistan (interdite en janvier 2002 par le président Hamid Karzaï) : la surface qui y est consacrée est passée de 74 000 hectares en 2002 à 80 000 en 2003 et la production d'opium de 3400 à 3 600 tonnes, faisant du pays le premier producteur d’opium mondial ; « vingt-huit provinces : sur les 32 que compte l'Afghanistan, sont affectées aujourd'hui, pour 18 en 1999 » (édition du 30/10/2003). La lutte contre la culture du pavot s’avère d’autant plus difficile que celle-ci fait vivre de nombreux agriculteurs et « représenterait l'équivalent de la moitié du produit intérieur brut (PIB) de l'Afghanistan, qui s'élève à 4,4 milliards de dollars (3,8 milliards d'euros) » (édition du 29/10/2003), selon l'Office contre la drogue et le crime (UNODC) des Nations unies.
La drogue augmente l’insécurité dans le pays, les commandants se disputant le contrôle de la culture du pavot et de la production d’opium pour renforcer leur pouvoir.

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