75% des gens qui votent pour Bush pensent

75% des gens qui votent pour Bush pensent qu'il y a un lien entre les attentats du 11 septembre et la guerre en Irak ou plus précisément entre Al-Quaida et Saddam Hussein. C'est-à-dire que 75% des électeurs de Bush sont manipulés au moins sur ça. Et ça ne veut pas dire que les pro-Kerry sont absolument clairvoyants et tout à fait conscients des enjeux de ce vote, il y a certainement autant de démocrates aveuglés que de républicains.
Maintenant, considérant un autre fait : des sondages effectués en Europe montrent que si les Européens avaient dû voter pour l'un des deux candidats, Bush aurait été battu à plate couture. Même au Canada, pourtant fortement américanisé et où la plupart des jeunes sont totalement dépolitisés, vous trouverez rarement un partisan de Bush. Même les chaînes nationales ont un discours clairement orienté vers Kerry.
Alors comment est-il possible que passées la frontière les mentalités changent à ce point ?
Je crois que le peuple américaine est totalement replié sur lui-même, autarcisé. Il est évident qu'il est mal informé, or le rôle de l'information revient aux journalistes, qui ne font donc pas leur travail. Une des plus vieilles démocraties du monde, qui plus est la première puissance économique et militaire, pratique la désinformation et la propagande auprès de ses citoyens. On a affaire à un système complètement perverti et détourné au profit de quelques un et la réélection de Bush ne fait que souligner cette situation, elle n'en est qu'un symptôme. Voilà qui gouverne le monde, Mesdames et Messieurs.

Mutations incertaines de l’économie

http://www.monde-diplomatique.fr/2004/10/SI_ZOUBIR/11558

En 2004, la Chine devrait connaître une progression du produit intérieur brut (PIB) comprise entre 8 % et 9 %. Elle est devenue la première destinataire mondiale des investissements directs étrangers, qui pourraient atteindre, toujours en 2004, le seuil historique des 70 milliards de dollars. Troisième importateur (1) et quatrième exportateur dans le monde, elle a tiré vers le haut la croissance mondiale.

On en parle volontiers comme de l’« atelier du monde », fabriquant des produits bas de gamme. Or, comme le relève Patrick Artus, responsable de la recherche économique chez CDC Ixis Capital Markets, « la Chine devient un producteur compétitif et de qualité dans un nombre de plus en plus élevé d’industries : textile, jouets, acier, construction navale, mais aussi électronique, électroménager, métallurgie, biens d’équipement et, dans le futur, automobile, espace, meubles. La croissance de la production industrielle est particulièrement forte pour l’informatique et l’électronique, l’acier et l’automobile (2) ».

La Chine est-elle pour autant responsable de la destruction de milliers d’emplois en Occident ? « C’est vrai qu’elle attire les délocalisations », reconnaît l’économiste américain Jeremy Rifkin, pour qui l’économie chinoise emprunte les mêmes chemins que ses homologues occidentales. « Mais elle détruit aussi des emplois industriels, rappelle-t-il, et encore plus vite que n’importe quel pays. » Entre 1995 et 2002, son industrie a perdu 15 millions d’emplois, soit 15 % de sa main-d’œuvre de production.

Par ailleurs, sans minimiser la vigueur de l’économie, nombre d’observateurs émettent des doutes sur la fiabilité des statistiques officielles. Selon eux, la croissance du PIB aurait été surestimée entre 1997 et 2002, de manière à ne pas décourager les investisseurs étrangers, et sous-estimée depuis 2003 de manière à accréditer la thèse d’un ralentissement maîtrisé de l’économie. Les interrogations portent aussi sur l’importance de créances douteuses détenues par les banques locales : une menace sérieuse pour la stabilité de l’économie. Pékin affirme que celles-ci représentent moins de 10 % de l’ensemble des créances, alors que les banques d’affaires occidentales les estiment à 30 %, voire à plus de 50 %. En fait, « le manque de transparence généralisé continue à entourer l’économie (3) », explique le journaliste Michel de Grandi. Plusieurs scandales ont déjà ébranlé les Bourses de Shanghaï et de Shenzhen, notamment celui de l’assureur China Life, dont la maison mère a reconnu un trou de 700 millions de dollars dans sa comptabilité. Preuve que la Chine est loin d’être à l’abri des errements du capitalisme mondialisé, un nombre croissant de sociétés nationales sont désormais enregistrées dans des paradis fiscaux comme les îles Vierges ou les îles Caïman.

Autre question abordée par les économistes, anglo-saxons notamment : la parité entre le renmimbi (yuan) et le dollar. Depuis le milieu des années 1990, un dollar vaut 8,28 yuans. Pour les Etats-Unis, cette parité fixe sous-évalue la valeur du yuan et, par conséquent, offre une meilleure compétitivité au made in China au détriment des produits américains. Le déficit commercial entre les deux pays (près de 125 milliards de dollars en faveur de la Chine) viendrait essentiellement de cette sous-évaluation. D’où des pressions récurrentes sur le gouvernement chinois pour qu’il réévalue sa monnaie. Ces gesticulations de Washington masquent l’incapacité de l’économie américaine à rivaliser, dans certains secteurs, avec sa concurrente chinoise, et le penchant du pays à vivre au-dessus de ses moyens. Car, pour financer leur déficit extérieur, les Etats-Unis s’endettent en émettant des titres que la banque centrale chinoise et ses homologues asiatiques achètent. Et, pour entretenir la consommation interne, ils importent les produits chinois à bon marché...

La vie vertueuse du ver de terre

Qu’y a-t-il après la mort ? C’est une question que bien des gens se posent. Enfer ? Paradis ? Une autre vie ? Dans certaines religions, on se réincarne tant que nos actions sur terre sont vertueuses. Que l’on ne fait de mal à personne, par exemple. Il y a parfois une hiérarchie dans la réincarnation : on est plante, puis animal, puis être humain, et enfin on arrive au paradis. Si nos actions dans la vie passée ont été trop mauvaises, on repasse au stade inférieur.
Vous souvenez-vous du film « Sept ans au Tibet » ? Les villageois doivent construire un cinéma mais ils répugnent à creuser la terre de peur de tuer les vers de terre qui y vivent, car ceux-ci pourraient être leurs ancêtres réincarnés.
Quelle vie vertueuse un ver de terre peut-il accomplir pour passer au stade supérieur de la réincarnation ? Un ver de terre, mais aussi tous les animaux et végétaux. Un arbre peut-il être mauvais ? Certains animaux sont plus agressifs que d’autres mais est-ce pour autant de la méchanceté ? Les animaux et les plantes sont-ils dotés d’une conscience ?
Un individu dont le cycle de réincarnations est épuisé et dont l’âme a atteint un état de vertu tel qu’elle peut se libérer de toute vie terrestre, ne devrait-il pas justement se réincarner encore une fois pour aider ceux qui doivent rester sur terre ? Ou peut-être la fin du cycle de réincarnation suppose un état de perfection et la perfection ne peut pas être de ce monde.

Pardonnez-moi pour cette réflexion quelque peut incongrue, et qui porte atteinte à ces religions, en particulier au bouddhisme. Là n’était pas le but, mais ce genre de pensée donne tellement à cogiter… Avec tous ces morts bien réels que l’on voit à la télé ou dont on entend parler autour de nous, la mort paraît parfois omniprésente. J’ai du mal à penser que tout s’arrête d’un instant à l’autre, d’un coup, comme ça.

L'Ecrivain-militant

Arundhati Roy, qui s’est fait connaître internationalement avec Le Dieu des petits riens (God of small Things), offre dans L’Ecrivain-militant, recueil d’essais, une vision de la société actuelle du point de vue de l’Inde, ou plutôt d’une Inde qui se veut objective face à ses problèmes et consciente du sort des plus démunis.
Politique des grands barrages, discrimination voire génocide des populations musulmanes, héritage des actions non-violentes de Gandhi… Mécanismes du pouvoir, de la corruption et des accords imposés par les grandes entreprises occidentales… Tout ça, je n’en savais rien. Comment un pays pauvre économiquement, mais immense de part ses disparités culturelles et les richesses qu’elle en tire, se situe dans une société de mondialisation où tout est dicté par les grandes puissances. Comment résister, se faire entendre, survivre même quand tout le monde a décidé du contraire. Comment prouver que ce tout le monde est en fait minoritaire et qu’il a beaucoup plus à apprendre de ce pays que ce qu’il prétend lui apporter.

Ca y est, j’ai la réponse.

Ca y est, j’ai la réponse. Je pars au Canada pendant neuf mois. Enfin, si j’arrive à vaincre l’épreuve des papiers à obtenir à l’ambassade et au service d’immigration et à la fac et à la banque… Trouver quelqu’un pour loger dans mon studio quand je ne serai pas là, trouver un logement sur place, ouvrir un compte en banque, être en règle avec l’université locale… Mais ça fait un an que l’idée me trotte dans la tête : partir un an à l’étranger pour poursuivre ses études, qui n’en rêverai pas ? Oui, bon, d’accord, beaucoup ne souhaitent pas le faire, de peur de laisser ce(ux) qu’ils ont ici. Et c’est là tout le problème en fait. Sur le coup on ne pense qu’aux avantages, passer une année dans une super fac, un super pays, des gens supers…Une expérience à ne pas louper, quoi, sauf que quand vous savez que vous allez partir, les choses se gâtent. Tout le monde vous dit que ce que vous faites est génial et qu’il faut en profiter, surtout les personnes les plus proches, mais vous voyez parfaitement dans leur regard cette pointe d’amertume qu’ils ont à l’idée que vous allez les quitter. Et là, comme une claque en pleine figure, une vague de culpabilité s’empare de vous : vous les abandonnez au moment où ils ont le plus besoin de vous. Mais maintenant c’est trop tard pour reculer, vous vous en voudriez toute votre vie d’abandonner une opportunité comme celle-là, vous vous êtes battus pour remplir votre dossier, vous l’avez mérité, cette place ! Et puis vous ne pouviez pas prévoir que ce qui est arrivé arriverait, que les choses ne sont plus pareilles maintenant et qu’elles rendent votre départ beaucoup plus difficile.
Que se passera-t-il quand vous serez là-bas ? Les gens, les expériences, la vie… Que se passera-t-il pour eux quand vous serez là-bas ? Et quand vous rentrerez, neuf mois après ? Evidemment il y a 90% de chances pour que les relations ne soient plus les mêmes. Dans le mauvais sens, vous savez très bien de quelle genre de relations je veux parler.
Ma décision est prise, je pars, mais avec le sentiment d’avoir trahi.
Alors ça marche comme ça ? Des centaines de milliers de morts et des gouvernements qui s’enferment dans leur fierté en refusant obstinément de reconnaître leur responsabilité ? Indigné, offensé, le petit secrétaire d’Etat ? Il fallait bien qu’il s’y attende, le peuple rwandais vit dans le souvenir du génocide depuis dix ans et tout le désespoir qui va avec. Et il trouve encore le moyen d’étaler son orgueil en partant quelques heures plus tôt comme si de telles accusations étaient insupportables… Le fait que Kagamé soit soupçonné d’avoir joué un rôle dans l’attentat contre le président Habyarimana, c’est une autre affaire. En ce qui concerne son attitude envers la France il a osé dire ce que beaucoup pensent, à commencer par les Rwandais, qui sont les premiers concernés pour autant que je sache.
Les 800 000 morts et leurs familles, qu’est-ce qu’ils en font de leur orgueil ?

« Incident diplomatique »

Hier, pendant la commémoration du génocide qui s’est déroulé il y a dix ans, le président rwandais Paul Kagamé a critiqué les Français qui « ont l’audace de rester là sans s’excuser ». Indigné, le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Renaud Muselier, qui représentait la délégation française, a écourté son séjour dans le pays. Le président Kagamé accuse le gouvernement français d’avoir « armé et entraîné sciemment les soldats gouvernementaux et les milices qui allaient commettre un génocide, alors même qu'il savait qu'ils préparaient ce génocide ».
Parmi les pays mis en cause dans le génocide rwandais, la France est le seul pays à ne pas avoir présenté d’excuses au peuple rwandais. Seule la Belgique a envoyé un haut dirigeant pour représenter le pays, à savoir le premier ministre.
« Leurs menaces et leurs efforts pour nous intimider ne m'impressionnent pas» : Paul Kagamé a ainsi fait directement allusion à la publication dans le journal Le Monde, d’un rapport l’accusant d’être à l’origine de l’attentat dans lequel le président hutu Juvénal Habyarimana a trouvé la mort et qui avait marqué le début du génocide.
Au moins 800 000 personnes tuées à la machette en un mois.
Qu’en disait-on il y a dix ans ?
La France n’ose même pas reconnaître sa responsabilité. Alors quant à demander pardon…
Le vote des Espagnols en faveur de José Luiz Rodriguez Zapatero a-t-il été influencé par les attentats de Madrid ? De toute évidence, oui. Mais selon Le Monde daté du 17 mars, une rumeur se répand parmi la presse britannique et les milieux dirigeants italiens et américains, selon laquelle c’est « la peur du terrorisme » qui aurait déterminé les résultats du scrutin.
Evidemment, les Espagnols ont peur : quel peuple, victime du terrorisme depuis des dizaines d’années, n’éprouverait pas ce sentiment ? Cependant, plus que la peur, c’est la mémoire, ravivée par les attentats, qui est à prendre en compte. Mémoire des mensonges du gouvernement qui, s’accrochant aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, a repris la thèse des armes de destruction massive pour justifier une guerre en Irak, mémoire des protestations en masse du peuple contre cette guerre, restées sans réponse… Aznar a menti jusqu’à la fin, quand il a tout fait pour cacher à l’opinion publique l’éventualité d’une responsabilité d’Al-Qaida dans les attentats de Madrid. Le résultat du vote de dimanche dernier est donc justifié et même logique : quand un gouvernement n’est plus en accord avec le peuple qu’il dirige, il faut s’attendre à ce que ce dernier réagisse.
Oui bon d’accord, l’O.N.U. c’est pas génial contre le terrorisme international. Si ça devient LE problème de la décennie, c’est clair que sans une réforme du système on n’arrivera pas à grand-chose.

Avez-vous remarqué que quand un attentat survient aux Etats-Unis, les Américains se planquent chez eux, alors que quand ça arrive en Espagne la première réaction de la population est de sortir dans la rue ?
Différences de mentalités…

Cannibalisme poétique

La vision populaire du cannibalisme reste toujours très violente et l'attribue à des peuples primitifs et cruels. Cet acte (qui n’est plus pratiqué par aucun peuple aujourd’hui), quand il est étudié sous un angle un peu plus poussé, peut pourtant révéler des aspects étonnants.
Il faut savoir que le cannibalisme a toujours une signification plus ou moins cachée et détient une importante valeur religieuse ou magique ; celles-ci varient selon les cultures, tout comme les formes du rituel. Ainsi les indiens Guayaki (étudiés et rendus célèbres par P. Clastres) pratiquent l’endocannibalisme, en mangeant leurs morts. En effet, chez eux les morts ne doivent pas reposer dans la terre, car ainsi ils encombreraient la mémoire des vivants. Le cannibalisme est d’ailleurs une prescription : ceux qui ne participent pas au rituel sont menacés d’être tués par les morts, sauf les proches parents du défunt, qui réaliseraient une sorte d’inceste. L’estomac des membres de la tribu devient alors le cimetière des défunts, et manger les morts un moyen de faciliter le travail de deuil.
Le meilleur moyen de tuer les morts est de les accueillir en soi…

P. CLASTRES, Chronique des indiens Guayaki
Et d’après ma prof d’anthropo

Et si l’O.N.U. n’était pas menacée ?

Il y a un an maintenant, nous assistions à l’une des plus graves crises diplomatiques depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale. Du moins, c’est ce que l’on nous disait. Les Etats-Unis s’étaient mis en tête d’entrer en guerre contre l’Irak pour y chercher la preuve de l’existence d’armes de destruction massive, tandis que la France et l’Allemagne prenaient la tête du mouvement anti-guerre. Les débats s’enchaînaient à l’Assemblée Générale des Nations Unies, dans la presse, à la télévision, et bientôt deux camps s’opposèrent : ceux qui légitimaient la guerre en Irak et ceux qui la refusaient. Les pro-Américains contre les anti-.
Finalement les Nations Unies décidèrent de ne pas cautionner une action armée et, oh ! surprise, les Etats-Unis passèrent outre. Ils envoyèrent des soldats chez Saddam Hussein et tout le monde se dit que l’O.N.U. n’avait servi à rien, et qu’elle ne servirait plus jamais. C’était la fin du système mondial d’après-guerre et la confirmation de la toute-puissance diplomatique et militaire des Etats-Unis.

Un an après, les choses n’ont finalement pas beaucoup changé. Il n’a toujours pas été décidé de réformer le système onusien et celui-ci fait son travail comme avant. En fait je me demande si, au lieu de le discréditer, l’affaire de la guerre d’Irak ne lui a pas donné un petit coup de pouce. Je m’explique. Cette organisation existe maintenant depuis cinquante ans, cela fait donc cinquante ans qu’elle débat, décide, surveille, contrôle, prend des résolutions… elle a eu le temps de devenir une véritable institution, dont l’efficacité n’avait jamais vraiment été remise en cause.
Seulement c’est vrai que cinquante ans, c’est long et aujourd’hui la majorité des gens connaissent peut-être mal son fonctionnement et son utilité. Et c’est en cela qu’il me semble que la crise de l’année passée a justement été une bonne occasion de la redécouvrir. En effet à l’époque on en entendait parler tous les jours, les journaux télévisés rendaient compte des séances de la journée, images et explications à l’appui. Je me souviens avoir regardé pendant quelques dizaines de minutes une séance particulièrement décisive, ayant ce jour-là accès aux chaînes câblées qui la retransmettaient. L’O.N.U. était soudain devenue accessible et beaucoup prirent alors conscience de son existence et de son importance.

Quant à la décision des Etats-Unis de ne pas prendre en compte le vote des autres pays, est-elle si menaçante ? N’y a-t-il pas un courant mondial qui se dessine contre les actions et la politique de cet Etat ? Chirac n’a-t-il pas pris la décision de voter contre la guerre en tenant compte de ce même courant, démontrant ainsi l’influence croissante de celui-ci ? En clair, personne n’est dupe : les Américains s’enfoncent dans leur politique impérialiste et sont en train de se mettre tout le monde à dos, les pays émergeants en premier. Alors quand ils s’attaquent à la première institution inter-étatique alors que celle-ci est sur-médiatisée, je ne pense pas que ce soit eux que l’on veuille défendre.

L’O.N.U. est relativement efficace et l’opinion publique sait qu’elle existe. Prétendre qu’elle était devenue inutile n’a certainement pas été la meilleure réaction pour l’aider à le prouver.
« Les théoriciens les plus modernes affirment qu’il n’y a aucune relation entre la personne d’un auteur et son œuvre ».
Cette phrase est tirée d’un article d'Antonio Muñoz Molins, paru dans El País Semanal (pas récemment).

On en apprend tous les jours. Une telle idée me paraît un peu aberrante, il faudrait qu’on m’explique. Je ne m’y connaît pas en art et encore moins en théorie de l’art, mais s’il y a bien une chose que je sais dans ce domaine, c’est qu’un artiste est façonné par son passé, ses expériences, sa personnalité et tout ça transparaît dans ses œuvres. Tellement de facteurs interviennent dans la façon dont il réagit au processus de création, c’est ce qui fait la particularité de chacun. Demandez à dix artistes de peindre un sujet quelconque, vous obtiendrez dix tableaux différents. Faites la même chose avec dix cinéastes, dix sculpteurs, dix musiciens, ce sera pareil.
Non, l’œuvre n’est pas en « relation » avec l’artiste, l’œuvre est l’artiste.

C’est comme dire qu’un bon gros gâteau au chocolat n’a aucun rapport avec le lait de la vache ni le cacao…

Des nouvelles de Ciudad Juarez

Dans son édition du 19 février, Le Monde consacre un article sur la mobilisation d’actrices américaines et mexicaines contre le drame de Ciudad Juarez. Celles-ci ont défilé samedi 14 février avec plusieurs centaines d’autres manifestants pour exiger l’accélération de l’enquête concernant les meurtres et les disparitions de femmes observés dans cette ville.
Selon Amnesty International, entre 370 et 375 femmes auraient été assassinées et le nombre de disparues s’élèverait à plus d’un millier.
Le président du Mexique, Vicente Fox, « a désigné une spécialiste des droits de l’homme, Guadalupe Morfin Otero, pour diriger une commission de coordination des différentes enquêtes » et un procureur spécial, Maria Lopez Urbina, a été nommé par le procureur général du Mexique, Rafael Macedo, pour « élucider les meurtres de Ciudad Juarez ».
Ces nominations marquent l’entrée dans une nouvelle phase de l’enquête, qui appartient désormais aux autorités fédérales, et la prise de conscience de l’importance de l’affaire par le gouvernement mexicain. Reste à savoir si ces deux femmes parviendront à mener à bien leur mission, alors qu’elles ont déjà commencé à rencontrer l’opposition des autorités locales.

Tous les soirs, à 20 heures...

Jeudi 12 février, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) a adressé une mise en demeure à la chaîne publique France 2, suite à l’erreur commise lors du journal de 20 heures du 3 février dernier : le présentateur David Pujadas avait annoncé le retrait de la vie politique d’Alain Juppé, information qui s’était avérée inexacte. Cette décision a été prise selon la loi du 30 septembre 1986 qui stipule que les sociétés de programmes « assurent l’honnêteté de l’information ». Les journalistes sont ainsi tenus, et cela peut paraître normal, de révéler des informations véridiques.

Mais « assurer l’honnêteté de l’information », cela concerne-t-il uniquement le contenu de l’information ? Les journalistes ont peut-être un autre devoir… A la télévision, la forme est aussi importante que le fond, sinon plus. Devant un poste de télé, notre attitude passive diminue notre esprit critique et il est difficile de réfléchir à ce qu’un présentateur nous fait avaler. Or les journalistes en profitent trop souvent pour nous faire entendre et voir ce qu’ils ont envie que nous entendions et voyions. Deux fois par jour exactement, à 13 heures et à 20 heures.

Un reportage sur la vie trépidante du troupeau de vaches de Marcel B., fermier d’Ozouer-le-Voulgis, ou la cueillette des mirabelles par temps de pluie ne comportera que des informations exactes, pourtant il ne sera d’aucune réelle utilité et masquera d’autres informations, beaucoup plus importantes mais ne pouvant être diffusées faute de temps. Cependant au journal de 13 heures, on ne parle pratiquement que de ce genre de choses. Cela devient vraiment dangereux lorsque l’information est « détournée » : donner plus de temps d’antenne à tel sujet qui ne le nécessite pas vraiment, choisir même de traiter un sujet plutôt qu’un autre… (Il y a deux ans, en période de campagne présidentielle, tout le monde sait que les journaux télévisés ont diffusé des sujets sur l’insécurité beaucoup plus qu’en temps normal). Pendant ce temps-là, ailleurs il se passe des choses qui n’ont rien à voir avec les mirabelles et on n’en parle pas…

Il ne faut pas se leurrer, les gens ne sont pas tous supra-intelligents, ils n’ont pas tous la capacité d’analyser ce qu’on leur sert. La télévision, qui pour beaucoup constitue l’unique vecteur d’information, en est arrivée à un point où elle les manipule tout en leur faisant croire qu’ils sont pleinement maîtres de leurs pensées. De nombreuses personnes en sont ainsi amenées à avoir une opinion injustifiée et influencée. C’est peut-être le but recherché. Et après ils discutent avec leur entourage de ce qu’ils ont regardé la veille au soir et vont voter.

Le débat est trop large et je ne peux pas en traiter tous les aspects ici mais je voudrais juste rappeler que l’information ne doit pas être seulement complète, elle doit être bien faite et responsable. La qualité plutôt que la quantité, en somme…

Orientation...

«
- Bonjour, j’aimerais savoir comment faire pour intégrer le DEUG d’Economie l’année prochaine, s’il vous plaît.
- Quelle est votre situation ?
- Je suis en première année de DEUG MIAS (Mathématiques et Informatique).
- Vous savez que vous pouvez vous réorienter maintenant pour intégrer le DEUG au deuxième semestre ?
- Oui, mais je préférerais finir mon année de MIAS d’abord.
- Ah bon, mais dans ce cas-là vous obtiendriez votre DEUG en trois ans au lieu de deux…
- Oui, mais en finissant ma première année de MIAS j’aurais au moins validé une année. Se réorienter au deuxième semestre, c’est pas facile, si je commence le DEUG d’Economie maintenant, je ne suis pas sûre de pouvoir rattraper les cours que je n’ai pas suivis au premier semestre, ce qui me ferait redoubler de toute façon. Et puis on m’a conseillé de finir mon année pour avoir un très bon niveau en Mathématiques et en Informatique, ça m’aidera beaucoup pour le DEUG d’Eco.
Quelles sont les démarches à faire pour s’inscrire ?
- Vous retirez un dossier en mai-juin et on l’examinera pour savoir si vous pouvez être prise.
- Et à quoi font-ils attention ?
- A vos notes principalement. Vous étiez dans quelle filière au lycée ?
- S.
- Vous aviez de bonnes notes en Maths ?
- Elles étaient moyennes.
- Et cette année ?
- Ca va (je suis en DEUG de Maths…)
- Et dans les autres matières ?
- En général, ça marche plutôt bien.
- Mais pourquoi vous voulez changer alors ?
- Parce que ça ne me plaît plus.
- Dans ce cas, vous feriez mieux de changer maintenant.
- Mais je préfère finir mon année d’abord !
- C’est votre affaire… mais bon je vous aurait prévenue...
»

Non mais, comment voulez-vous qu'on s'en sorte ?
C'est pas évident d'écrire en pleine période de partiels. Mais vu que c'est presque fini, vous aurez bientôt de mes nouvelles (et de celles du monde par la même occasion).

Ciudad Juarez

Cette ville est en train de devenir mythique. Mais elle, ce n’est pas du rêve qu’elle crée, plutôt de la terreur. Depuis 1993, 370 femmes ont été retrouvées assassinées dans cette ville du Mexique de 1 300 000 habitants située à la frontière avec les Etats-Unis et 400 sont portées disparues.
A chaque fois les crimes sont commis selon un rituel semblable : les femmes (ou jeunes filles, car beaucoup d’entre elles ne sont que des adolescentes) répondent toujours aux mêmes caractéristiques : issues de milieux pauvres, souvent ouvrières, menues, brunes aux cheveux longs. Elles sont enlevées, subissent des sévices sexuels (pour au moins 137 d’entre elles) et des tortures puis sont étranglées. On les retrouve quelques jours ou quelques semaines après, parfois plus, parfois jamais, en centre-ville ou dans des terrains vagues des faubourgs. Elles ont tellement été mutilées que la plupart du temps on ne peut pas les identifier.

Selon les ONG, les enquêtes sont bâclées : des corps ont été jetés dans des fosses communes sans qu’aucun prélèvement ADN n’ait été fait pour les identifier, la police concentre ses enquêtes sur l’entourage des victimes, sans se pencher sur les réseaux de crimes organisés, les lieux où sont retrouvés les corps ne sont pas protégés et parfois les indices disparaissent ; de nombreux autres témoignages et preuves démontrent l’implication de criminels locaux mais les enquêtes ne sont pas orientées vers ces pistes...
En 1995, le principal suspect, un chimiste d’origine égyptienne, Abdel Sharif Sharif est arrêté, ainsi que ses complices présumés, « Los Rebeldes ». Depuis, 80 femmes ont été assassinées et le procès de Sharif Sharif est en cours de révision, son avocate a été menacée de mort et son fils a survécu par miracle à un attentat. En 2001 ensuite, deux chauffeurs de bus sont accusés de huit crimes et avouent sous la torture. L’un d’eux, Gustavo Gonzalez, décède d’une opération chirurgicale effectuée dans la prison de Ciudad Juarez et son avocat, Mario Escovedo, est assassiné par la police, celle-ci prétendant « l’avoir confondu avec un autre ».
En fait, tout indique que la police cherche à protéger les coupables. Plusieurs témoignage la dénoncent d’ailleurs comme étant responsable et impliquée directement dans les crimes : ainsi la seule femme rescapée d’un enlèvement a dénoncé en 1998 le commandant de la police judiciaire fédérale, Jorge Garcia, comme étant son ravisseur. Depuis le 22 juillet 2003 seulement, le gouvernement mexicain a lancé un plan dans le but d’accélérer le rythme des enquêtes mais depuis, les corps disparaissent purement et simplement. Des avocats, juges, procureurs, journalistes et opposants au gouverneur Patricio Martínez ont été menacés.

L’impunité dont bénéficient les meurtriers démontre qu’il existe un lien entre eux et les narcotrafiquants : dans cette région, eux seuls sont assez puissants pour s’assurer l’aide de la police et organiser les crimes de manière aussi efficace. Le cartel de la ville est décrit comme le plus florissant du Mexique et ses liens avec la police locale sont mêmes connus du FBI américain. Quant à savoir si c’est la police ou le gouvernement local qui commandite ces crimes… La seule chose dont les criminologues sont à peu près certains c’est que les meurtriers seraient un ou deux tueurs en série, mais pas forcément mexicains et qui agiraient « pour s’amuser ».

Alors que cette ville se débat déjà avec une forte criminalité, favorisée par une situation économique déplorable (de nombreuses personnes travaillent dans les maquiladoras de la région), la vague de meurtre a engendré une véritable poussée de comportements misogynes, dans une société déjà machiste. A présent, certains individus assassinent des femmes par pur désir d’imitation…

Amnesty International (article et communiqué de presse)
Libération
Le Monde Diplomatique
Aujourd'hui, à Kaboul, la République islamique d’Afghanistan a été proclamée.
« En Afghanistan, aucune loi ne peut être contraire aux croyances et dispositions de la religion sacrée de l'Islam ».
« Les citoyens d'Afghanistan - qu'ils soient homme ou femme - ont des droits et devoirs égaux devant la loi ».


Bonne année, les gens. Ravie de voir que vous êtes toujours là !

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