Ciudad Juarez

Cette ville est en train de devenir mythique. Mais elle, ce n’est pas du rêve qu’elle crée, plutôt de la terreur. Depuis 1993, 370 femmes ont été retrouvées assassinées dans cette ville du Mexique de 1 300 000 habitants située à la frontière avec les Etats-Unis et 400 sont portées disparues.
A chaque fois les crimes sont commis selon un rituel semblable : les femmes (ou jeunes filles, car beaucoup d’entre elles ne sont que des adolescentes) répondent toujours aux mêmes caractéristiques : issues de milieux pauvres, souvent ouvrières, menues, brunes aux cheveux longs. Elles sont enlevées, subissent des sévices sexuels (pour au moins 137 d’entre elles) et des tortures puis sont étranglées. On les retrouve quelques jours ou quelques semaines après, parfois plus, parfois jamais, en centre-ville ou dans des terrains vagues des faubourgs. Elles ont tellement été mutilées que la plupart du temps on ne peut pas les identifier.

Selon les ONG, les enquêtes sont bâclées : des corps ont été jetés dans des fosses communes sans qu’aucun prélèvement ADN n’ait été fait pour les identifier, la police concentre ses enquêtes sur l’entourage des victimes, sans se pencher sur les réseaux de crimes organisés, les lieux où sont retrouvés les corps ne sont pas protégés et parfois les indices disparaissent ; de nombreux autres témoignages et preuves démontrent l’implication de criminels locaux mais les enquêtes ne sont pas orientées vers ces pistes...
En 1995, le principal suspect, un chimiste d’origine égyptienne, Abdel Sharif Sharif est arrêté, ainsi que ses complices présumés, « Los Rebeldes ». Depuis, 80 femmes ont été assassinées et le procès de Sharif Sharif est en cours de révision, son avocate a été menacée de mort et son fils a survécu par miracle à un attentat. En 2001 ensuite, deux chauffeurs de bus sont accusés de huit crimes et avouent sous la torture. L’un d’eux, Gustavo Gonzalez, décède d’une opération chirurgicale effectuée dans la prison de Ciudad Juarez et son avocat, Mario Escovedo, est assassiné par la police, celle-ci prétendant « l’avoir confondu avec un autre ».
En fait, tout indique que la police cherche à protéger les coupables. Plusieurs témoignage la dénoncent d’ailleurs comme étant responsable et impliquée directement dans les crimes : ainsi la seule femme rescapée d’un enlèvement a dénoncé en 1998 le commandant de la police judiciaire fédérale, Jorge Garcia, comme étant son ravisseur. Depuis le 22 juillet 2003 seulement, le gouvernement mexicain a lancé un plan dans le but d’accélérer le rythme des enquêtes mais depuis, les corps disparaissent purement et simplement. Des avocats, juges, procureurs, journalistes et opposants au gouverneur Patricio Martínez ont été menacés.

L’impunité dont bénéficient les meurtriers démontre qu’il existe un lien entre eux et les narcotrafiquants : dans cette région, eux seuls sont assez puissants pour s’assurer l’aide de la police et organiser les crimes de manière aussi efficace. Le cartel de la ville est décrit comme le plus florissant du Mexique et ses liens avec la police locale sont mêmes connus du FBI américain. Quant à savoir si c’est la police ou le gouvernement local qui commandite ces crimes… La seule chose dont les criminologues sont à peu près certains c’est que les meurtriers seraient un ou deux tueurs en série, mais pas forcément mexicains et qui agiraient « pour s’amuser ».

Alors que cette ville se débat déjà avec une forte criminalité, favorisée par une situation économique déplorable (de nombreuses personnes travaillent dans les maquiladoras de la région), la vague de meurtre a engendré une véritable poussée de comportements misogynes, dans une société déjà machiste. A présent, certains individus assassinent des femmes par pur désir d’imitation…

Amnesty International (article et communiqué de presse)
Libération
Le Monde Diplomatique
Aujourd'hui, à Kaboul, la République islamique d’Afghanistan a été proclamée.
« En Afghanistan, aucune loi ne peut être contraire aux croyances et dispositions de la religion sacrée de l'Islam ».
« Les citoyens d'Afghanistan - qu'ils soient homme ou femme - ont des droits et devoirs égaux devant la loi ».


Bonne année, les gens. Ravie de voir que vous êtes toujours là !

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