La vie vertueuse du ver de terre

Qu’y a-t-il après la mort ? C’est une question que bien des gens se posent. Enfer ? Paradis ? Une autre vie ? Dans certaines religions, on se réincarne tant que nos actions sur terre sont vertueuses. Que l’on ne fait de mal à personne, par exemple. Il y a parfois une hiérarchie dans la réincarnation : on est plante, puis animal, puis être humain, et enfin on arrive au paradis. Si nos actions dans la vie passée ont été trop mauvaises, on repasse au stade inférieur.
Vous souvenez-vous du film « Sept ans au Tibet » ? Les villageois doivent construire un cinéma mais ils répugnent à creuser la terre de peur de tuer les vers de terre qui y vivent, car ceux-ci pourraient être leurs ancêtres réincarnés.
Quelle vie vertueuse un ver de terre peut-il accomplir pour passer au stade supérieur de la réincarnation ? Un ver de terre, mais aussi tous les animaux et végétaux. Un arbre peut-il être mauvais ? Certains animaux sont plus agressifs que d’autres mais est-ce pour autant de la méchanceté ? Les animaux et les plantes sont-ils dotés d’une conscience ?
Un individu dont le cycle de réincarnations est épuisé et dont l’âme a atteint un état de vertu tel qu’elle peut se libérer de toute vie terrestre, ne devrait-il pas justement se réincarner encore une fois pour aider ceux qui doivent rester sur terre ? Ou peut-être la fin du cycle de réincarnation suppose un état de perfection et la perfection ne peut pas être de ce monde.

Pardonnez-moi pour cette réflexion quelque peut incongrue, et qui porte atteinte à ces religions, en particulier au bouddhisme. Là n’était pas le but, mais ce genre de pensée donne tellement à cogiter… Avec tous ces morts bien réels que l’on voit à la télé ou dont on entend parler autour de nous, la mort paraît parfois omniprésente. J’ai du mal à penser que tout s’arrête d’un instant à l’autre, d’un coup, comme ça.

L'Ecrivain-militant

Arundhati Roy, qui s’est fait connaître internationalement avec Le Dieu des petits riens (God of small Things), offre dans L’Ecrivain-militant, recueil d’essais, une vision de la société actuelle du point de vue de l’Inde, ou plutôt d’une Inde qui se veut objective face à ses problèmes et consciente du sort des plus démunis.
Politique des grands barrages, discrimination voire génocide des populations musulmanes, héritage des actions non-violentes de Gandhi… Mécanismes du pouvoir, de la corruption et des accords imposés par les grandes entreprises occidentales… Tout ça, je n’en savais rien. Comment un pays pauvre économiquement, mais immense de part ses disparités culturelles et les richesses qu’elle en tire, se situe dans une société de mondialisation où tout est dicté par les grandes puissances. Comment résister, se faire entendre, survivre même quand tout le monde a décidé du contraire. Comment prouver que ce tout le monde est en fait minoritaire et qu’il a beaucoup plus à apprendre de ce pays que ce qu’il prétend lui apporter.

Ca y est, j’ai la réponse.

Ca y est, j’ai la réponse. Je pars au Canada pendant neuf mois. Enfin, si j’arrive à vaincre l’épreuve des papiers à obtenir à l’ambassade et au service d’immigration et à la fac et à la banque… Trouver quelqu’un pour loger dans mon studio quand je ne serai pas là, trouver un logement sur place, ouvrir un compte en banque, être en règle avec l’université locale… Mais ça fait un an que l’idée me trotte dans la tête : partir un an à l’étranger pour poursuivre ses études, qui n’en rêverai pas ? Oui, bon, d’accord, beaucoup ne souhaitent pas le faire, de peur de laisser ce(ux) qu’ils ont ici. Et c’est là tout le problème en fait. Sur le coup on ne pense qu’aux avantages, passer une année dans une super fac, un super pays, des gens supers…Une expérience à ne pas louper, quoi, sauf que quand vous savez que vous allez partir, les choses se gâtent. Tout le monde vous dit que ce que vous faites est génial et qu’il faut en profiter, surtout les personnes les plus proches, mais vous voyez parfaitement dans leur regard cette pointe d’amertume qu’ils ont à l’idée que vous allez les quitter. Et là, comme une claque en pleine figure, une vague de culpabilité s’empare de vous : vous les abandonnez au moment où ils ont le plus besoin de vous. Mais maintenant c’est trop tard pour reculer, vous vous en voudriez toute votre vie d’abandonner une opportunité comme celle-là, vous vous êtes battus pour remplir votre dossier, vous l’avez mérité, cette place ! Et puis vous ne pouviez pas prévoir que ce qui est arrivé arriverait, que les choses ne sont plus pareilles maintenant et qu’elles rendent votre départ beaucoup plus difficile.
Que se passera-t-il quand vous serez là-bas ? Les gens, les expériences, la vie… Que se passera-t-il pour eux quand vous serez là-bas ? Et quand vous rentrerez, neuf mois après ? Evidemment il y a 90% de chances pour que les relations ne soient plus les mêmes. Dans le mauvais sens, vous savez très bien de quelle genre de relations je veux parler.
Ma décision est prise, je pars, mais avec le sentiment d’avoir trahi.

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