Le vote des Espagnols en faveur de José Luiz Rodriguez Zapatero a-t-il été influencé par les attentats de Madrid ? De toute évidence, oui. Mais selon Le Monde daté du 17 mars, une rumeur se répand parmi la presse britannique et les milieux dirigeants italiens et américains, selon laquelle c’est « la peur du terrorisme » qui aurait déterminé les résultats du scrutin.
Evidemment, les Espagnols ont peur : quel peuple, victime du terrorisme depuis des dizaines d’années, n’éprouverait pas ce sentiment ? Cependant, plus que la peur, c’est la mémoire, ravivée par les attentats, qui est à prendre en compte. Mémoire des mensonges du gouvernement qui, s’accrochant aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, a repris la thèse des armes de destruction massive pour justifier une guerre en Irak, mémoire des protestations en masse du peuple contre cette guerre, restées sans réponse… Aznar a menti jusqu’à la fin, quand il a tout fait pour cacher à l’opinion publique l’éventualité d’une responsabilité d’Al-Qaida dans les attentats de Madrid. Le résultat du vote de dimanche dernier est donc justifié et même logique : quand un gouvernement n’est plus en accord avec le peuple qu’il dirige, il faut s’attendre à ce que ce dernier réagisse.
Oui bon d’accord, l’O.N.U. c’est pas génial contre le terrorisme international. Si ça devient LE problème de la décennie, c’est clair que sans une réforme du système on n’arrivera pas à grand-chose.
Avez-vous remarqué que quand un attentat survient aux Etats-Unis, les Américains se planquent chez eux, alors que quand ça arrive en Espagne la première réaction de la population est de sortir dans la rue ?
Différences de mentalités…
Avez-vous remarqué que quand un attentat survient aux Etats-Unis, les Américains se planquent chez eux, alors que quand ça arrive en Espagne la première réaction de la population est de sortir dans la rue ?
Différences de mentalités…
Cannibalisme poétique
La vision populaire du cannibalisme reste toujours très violente et l'attribue à des peuples primitifs et cruels. Cet acte (qui n’est plus pratiqué par aucun peuple aujourd’hui), quand il est étudié sous un angle un peu plus poussé, peut pourtant révéler des aspects étonnants.
Il faut savoir que le cannibalisme a toujours une signification plus ou moins cachée et détient une importante valeur religieuse ou magique ; celles-ci varient selon les cultures, tout comme les formes du rituel. Ainsi les indiens Guayaki (étudiés et rendus célèbres par P. Clastres) pratiquent l’endocannibalisme, en mangeant leurs morts. En effet, chez eux les morts ne doivent pas reposer dans la terre, car ainsi ils encombreraient la mémoire des vivants. Le cannibalisme est d’ailleurs une prescription : ceux qui ne participent pas au rituel sont menacés d’être tués par les morts, sauf les proches parents du défunt, qui réaliseraient une sorte d’inceste. L’estomac des membres de la tribu devient alors le cimetière des défunts, et manger les morts un moyen de faciliter le travail de deuil.
Le meilleur moyen de tuer les morts est de les accueillir en soi…
P. CLASTRES, Chronique des indiens Guayaki
Et d’après ma prof d’anthropo
Il faut savoir que le cannibalisme a toujours une signification plus ou moins cachée et détient une importante valeur religieuse ou magique ; celles-ci varient selon les cultures, tout comme les formes du rituel. Ainsi les indiens Guayaki (étudiés et rendus célèbres par P. Clastres) pratiquent l’endocannibalisme, en mangeant leurs morts. En effet, chez eux les morts ne doivent pas reposer dans la terre, car ainsi ils encombreraient la mémoire des vivants. Le cannibalisme est d’ailleurs une prescription : ceux qui ne participent pas au rituel sont menacés d’être tués par les morts, sauf les proches parents du défunt, qui réaliseraient une sorte d’inceste. L’estomac des membres de la tribu devient alors le cimetière des défunts, et manger les morts un moyen de faciliter le travail de deuil.
Le meilleur moyen de tuer les morts est de les accueillir en soi…
P. CLASTRES, Chronique des indiens Guayaki
Et d’après ma prof d’anthropo
Et si l’O.N.U. n’était pas menacée ?
Il y a un an maintenant, nous assistions à l’une des plus graves crises diplomatiques depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale. Du moins, c’est ce que l’on nous disait. Les Etats-Unis s’étaient mis en tête d’entrer en guerre contre l’Irak pour y chercher la preuve de l’existence d’armes de destruction massive, tandis que la France et l’Allemagne prenaient la tête du mouvement anti-guerre. Les débats s’enchaînaient à l’Assemblée Générale des Nations Unies, dans la presse, à la télévision, et bientôt deux camps s’opposèrent : ceux qui légitimaient la guerre en Irak et ceux qui la refusaient. Les pro-Américains contre les anti-.
Finalement les Nations Unies décidèrent de ne pas cautionner une action armée et, oh ! surprise, les Etats-Unis passèrent outre. Ils envoyèrent des soldats chez Saddam Hussein et tout le monde se dit que l’O.N.U. n’avait servi à rien, et qu’elle ne servirait plus jamais. C’était la fin du système mondial d’après-guerre et la confirmation de la toute-puissance diplomatique et militaire des Etats-Unis.
Un an après, les choses n’ont finalement pas beaucoup changé. Il n’a toujours pas été décidé de réformer le système onusien et celui-ci fait son travail comme avant. En fait je me demande si, au lieu de le discréditer, l’affaire de la guerre d’Irak ne lui a pas donné un petit coup de pouce. Je m’explique. Cette organisation existe maintenant depuis cinquante ans, cela fait donc cinquante ans qu’elle débat, décide, surveille, contrôle, prend des résolutions… elle a eu le temps de devenir une véritable institution, dont l’efficacité n’avait jamais vraiment été remise en cause.
Seulement c’est vrai que cinquante ans, c’est long et aujourd’hui la majorité des gens connaissent peut-être mal son fonctionnement et son utilité. Et c’est en cela qu’il me semble que la crise de l’année passée a justement été une bonne occasion de la redécouvrir. En effet à l’époque on en entendait parler tous les jours, les journaux télévisés rendaient compte des séances de la journée, images et explications à l’appui. Je me souviens avoir regardé pendant quelques dizaines de minutes une séance particulièrement décisive, ayant ce jour-là accès aux chaînes câblées qui la retransmettaient. L’O.N.U. était soudain devenue accessible et beaucoup prirent alors conscience de son existence et de son importance.
Quant à la décision des Etats-Unis de ne pas prendre en compte le vote des autres pays, est-elle si menaçante ? N’y a-t-il pas un courant mondial qui se dessine contre les actions et la politique de cet Etat ? Chirac n’a-t-il pas pris la décision de voter contre la guerre en tenant compte de ce même courant, démontrant ainsi l’influence croissante de celui-ci ? En clair, personne n’est dupe : les Américains s’enfoncent dans leur politique impérialiste et sont en train de se mettre tout le monde à dos, les pays émergeants en premier. Alors quand ils s’attaquent à la première institution inter-étatique alors que celle-ci est sur-médiatisée, je ne pense pas que ce soit eux que l’on veuille défendre.
L’O.N.U. est relativement efficace et l’opinion publique sait qu’elle existe. Prétendre qu’elle était devenue inutile n’a certainement pas été la meilleure réaction pour l’aider à le prouver.
Finalement les Nations Unies décidèrent de ne pas cautionner une action armée et, oh ! surprise, les Etats-Unis passèrent outre. Ils envoyèrent des soldats chez Saddam Hussein et tout le monde se dit que l’O.N.U. n’avait servi à rien, et qu’elle ne servirait plus jamais. C’était la fin du système mondial d’après-guerre et la confirmation de la toute-puissance diplomatique et militaire des Etats-Unis.
Un an après, les choses n’ont finalement pas beaucoup changé. Il n’a toujours pas été décidé de réformer le système onusien et celui-ci fait son travail comme avant. En fait je me demande si, au lieu de le discréditer, l’affaire de la guerre d’Irak ne lui a pas donné un petit coup de pouce. Je m’explique. Cette organisation existe maintenant depuis cinquante ans, cela fait donc cinquante ans qu’elle débat, décide, surveille, contrôle, prend des résolutions… elle a eu le temps de devenir une véritable institution, dont l’efficacité n’avait jamais vraiment été remise en cause.
Seulement c’est vrai que cinquante ans, c’est long et aujourd’hui la majorité des gens connaissent peut-être mal son fonctionnement et son utilité. Et c’est en cela qu’il me semble que la crise de l’année passée a justement été une bonne occasion de la redécouvrir. En effet à l’époque on en entendait parler tous les jours, les journaux télévisés rendaient compte des séances de la journée, images et explications à l’appui. Je me souviens avoir regardé pendant quelques dizaines de minutes une séance particulièrement décisive, ayant ce jour-là accès aux chaînes câblées qui la retransmettaient. L’O.N.U. était soudain devenue accessible et beaucoup prirent alors conscience de son existence et de son importance.
Quant à la décision des Etats-Unis de ne pas prendre en compte le vote des autres pays, est-elle si menaçante ? N’y a-t-il pas un courant mondial qui se dessine contre les actions et la politique de cet Etat ? Chirac n’a-t-il pas pris la décision de voter contre la guerre en tenant compte de ce même courant, démontrant ainsi l’influence croissante de celui-ci ? En clair, personne n’est dupe : les Américains s’enfoncent dans leur politique impérialiste et sont en train de se mettre tout le monde à dos, les pays émergeants en premier. Alors quand ils s’attaquent à la première institution inter-étatique alors que celle-ci est sur-médiatisée, je ne pense pas que ce soit eux que l’on veuille défendre.
L’O.N.U. est relativement efficace et l’opinion publique sait qu’elle existe. Prétendre qu’elle était devenue inutile n’a certainement pas été la meilleure réaction pour l’aider à le prouver.
« Les théoriciens les plus modernes affirment qu’il n’y a aucune relation entre la personne d’un auteur et son œuvre ».
Cette phrase est tirée d’un article d'Antonio Muñoz Molins, paru dans El País Semanal (pas récemment).
On en apprend tous les jours. Une telle idée me paraît un peu aberrante, il faudrait qu’on m’explique. Je ne m’y connaît pas en art et encore moins en théorie de l’art, mais s’il y a bien une chose que je sais dans ce domaine, c’est qu’un artiste est façonné par son passé, ses expériences, sa personnalité et tout ça transparaît dans ses œuvres. Tellement de facteurs interviennent dans la façon dont il réagit au processus de création, c’est ce qui fait la particularité de chacun. Demandez à dix artistes de peindre un sujet quelconque, vous obtiendrez dix tableaux différents. Faites la même chose avec dix cinéastes, dix sculpteurs, dix musiciens, ce sera pareil.
Non, l’œuvre n’est pas en « relation » avec l’artiste, l’œuvre est l’artiste.
C’est comme dire qu’un bon gros gâteau au chocolat n’a aucun rapport avec le lait de la vache ni le cacao…
Cette phrase est tirée d’un article d'Antonio Muñoz Molins, paru dans El País Semanal (pas récemment).
On en apprend tous les jours. Une telle idée me paraît un peu aberrante, il faudrait qu’on m’explique. Je ne m’y connaît pas en art et encore moins en théorie de l’art, mais s’il y a bien une chose que je sais dans ce domaine, c’est qu’un artiste est façonné par son passé, ses expériences, sa personnalité et tout ça transparaît dans ses œuvres. Tellement de facteurs interviennent dans la façon dont il réagit au processus de création, c’est ce qui fait la particularité de chacun. Demandez à dix artistes de peindre un sujet quelconque, vous obtiendrez dix tableaux différents. Faites la même chose avec dix cinéastes, dix sculpteurs, dix musiciens, ce sera pareil.
Non, l’œuvre n’est pas en « relation » avec l’artiste, l’œuvre est l’artiste.
C’est comme dire qu’un bon gros gâteau au chocolat n’a aucun rapport avec le lait de la vache ni le cacao…
Des nouvelles de Ciudad Juarez
Dans son édition du 19 février, Le Monde consacre un article sur la mobilisation d’actrices américaines et mexicaines contre le drame de Ciudad Juarez. Celles-ci ont défilé samedi 14 février avec plusieurs centaines d’autres manifestants pour exiger l’accélération de l’enquête concernant les meurtres et les disparitions de femmes observés dans cette ville.
Selon Amnesty International, entre 370 et 375 femmes auraient été assassinées et le nombre de disparues s’élèverait à plus d’un millier.
Le président du Mexique, Vicente Fox, « a désigné une spécialiste des droits de l’homme, Guadalupe Morfin Otero, pour diriger une commission de coordination des différentes enquêtes » et un procureur spécial, Maria Lopez Urbina, a été nommé par le procureur général du Mexique, Rafael Macedo, pour « élucider les meurtres de Ciudad Juarez ».
Ces nominations marquent l’entrée dans une nouvelle phase de l’enquête, qui appartient désormais aux autorités fédérales, et la prise de conscience de l’importance de l’affaire par le gouvernement mexicain. Reste à savoir si ces deux femmes parviendront à mener à bien leur mission, alors qu’elles ont déjà commencé à rencontrer l’opposition des autorités locales.
Selon Amnesty International, entre 370 et 375 femmes auraient été assassinées et le nombre de disparues s’élèverait à plus d’un millier.
Le président du Mexique, Vicente Fox, « a désigné une spécialiste des droits de l’homme, Guadalupe Morfin Otero, pour diriger une commission de coordination des différentes enquêtes » et un procureur spécial, Maria Lopez Urbina, a été nommé par le procureur général du Mexique, Rafael Macedo, pour « élucider les meurtres de Ciudad Juarez ».
Ces nominations marquent l’entrée dans une nouvelle phase de l’enquête, qui appartient désormais aux autorités fédérales, et la prise de conscience de l’importance de l’affaire par le gouvernement mexicain. Reste à savoir si ces deux femmes parviendront à mener à bien leur mission, alors qu’elles ont déjà commencé à rencontrer l’opposition des autorités locales.
Tous les soirs, à 20 heures...
Jeudi 12 février, le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) a adressé une mise en demeure à la chaîne publique France 2, suite à l’erreur commise lors du journal de 20 heures du 3 février dernier : le présentateur David Pujadas avait annoncé le retrait de la vie politique d’Alain Juppé, information qui s’était avérée inexacte. Cette décision a été prise selon la loi du 30 septembre 1986 qui stipule que les sociétés de programmes « assurent l’honnêteté de l’information ». Les journalistes sont ainsi tenus, et cela peut paraître normal, de révéler des informations véridiques.
Mais « assurer l’honnêteté de l’information », cela concerne-t-il uniquement le contenu de l’information ? Les journalistes ont peut-être un autre devoir… A la télévision, la forme est aussi importante que le fond, sinon plus. Devant un poste de télé, notre attitude passive diminue notre esprit critique et il est difficile de réfléchir à ce qu’un présentateur nous fait avaler. Or les journalistes en profitent trop souvent pour nous faire entendre et voir ce qu’ils ont envie que nous entendions et voyions. Deux fois par jour exactement, à 13 heures et à 20 heures.
Un reportage sur la vie trépidante du troupeau de vaches de Marcel B., fermier d’Ozouer-le-Voulgis, ou la cueillette des mirabelles par temps de pluie ne comportera que des informations exactes, pourtant il ne sera d’aucune réelle utilité et masquera d’autres informations, beaucoup plus importantes mais ne pouvant être diffusées faute de temps. Cependant au journal de 13 heures, on ne parle pratiquement que de ce genre de choses. Cela devient vraiment dangereux lorsque l’information est « détournée » : donner plus de temps d’antenne à tel sujet qui ne le nécessite pas vraiment, choisir même de traiter un sujet plutôt qu’un autre… (Il y a deux ans, en période de campagne présidentielle, tout le monde sait que les journaux télévisés ont diffusé des sujets sur l’insécurité beaucoup plus qu’en temps normal). Pendant ce temps-là, ailleurs il se passe des choses qui n’ont rien à voir avec les mirabelles et on n’en parle pas…
Il ne faut pas se leurrer, les gens ne sont pas tous supra-intelligents, ils n’ont pas tous la capacité d’analyser ce qu’on leur sert. La télévision, qui pour beaucoup constitue l’unique vecteur d’information, en est arrivée à un point où elle les manipule tout en leur faisant croire qu’ils sont pleinement maîtres de leurs pensées. De nombreuses personnes en sont ainsi amenées à avoir une opinion injustifiée et influencée. C’est peut-être le but recherché. Et après ils discutent avec leur entourage de ce qu’ils ont regardé la veille au soir et vont voter.
Le débat est trop large et je ne peux pas en traiter tous les aspects ici mais je voudrais juste rappeler que l’information ne doit pas être seulement complète, elle doit être bien faite et responsable. La qualité plutôt que la quantité, en somme…
Mais « assurer l’honnêteté de l’information », cela concerne-t-il uniquement le contenu de l’information ? Les journalistes ont peut-être un autre devoir… A la télévision, la forme est aussi importante que le fond, sinon plus. Devant un poste de télé, notre attitude passive diminue notre esprit critique et il est difficile de réfléchir à ce qu’un présentateur nous fait avaler. Or les journalistes en profitent trop souvent pour nous faire entendre et voir ce qu’ils ont envie que nous entendions et voyions. Deux fois par jour exactement, à 13 heures et à 20 heures.
Un reportage sur la vie trépidante du troupeau de vaches de Marcel B., fermier d’Ozouer-le-Voulgis, ou la cueillette des mirabelles par temps de pluie ne comportera que des informations exactes, pourtant il ne sera d’aucune réelle utilité et masquera d’autres informations, beaucoup plus importantes mais ne pouvant être diffusées faute de temps. Cependant au journal de 13 heures, on ne parle pratiquement que de ce genre de choses. Cela devient vraiment dangereux lorsque l’information est « détournée » : donner plus de temps d’antenne à tel sujet qui ne le nécessite pas vraiment, choisir même de traiter un sujet plutôt qu’un autre… (Il y a deux ans, en période de campagne présidentielle, tout le monde sait que les journaux télévisés ont diffusé des sujets sur l’insécurité beaucoup plus qu’en temps normal). Pendant ce temps-là, ailleurs il se passe des choses qui n’ont rien à voir avec les mirabelles et on n’en parle pas…
Il ne faut pas se leurrer, les gens ne sont pas tous supra-intelligents, ils n’ont pas tous la capacité d’analyser ce qu’on leur sert. La télévision, qui pour beaucoup constitue l’unique vecteur d’information, en est arrivée à un point où elle les manipule tout en leur faisant croire qu’ils sont pleinement maîtres de leurs pensées. De nombreuses personnes en sont ainsi amenées à avoir une opinion injustifiée et influencée. C’est peut-être le but recherché. Et après ils discutent avec leur entourage de ce qu’ils ont regardé la veille au soir et vont voter.
Le débat est trop large et je ne peux pas en traiter tous les aspects ici mais je voudrais juste rappeler que l’information ne doit pas être seulement complète, elle doit être bien faite et responsable. La qualité plutôt que la quantité, en somme…
Orientation...
«
- Bonjour, j’aimerais savoir comment faire pour intégrer le DEUG d’Economie l’année prochaine, s’il vous plaît.
- Quelle est votre situation ?
- Je suis en première année de DEUG MIAS (Mathématiques et Informatique).
- Vous savez que vous pouvez vous réorienter maintenant pour intégrer le DEUG au deuxième semestre ?
- Oui, mais je préférerais finir mon année de MIAS d’abord.
- Ah bon, mais dans ce cas-là vous obtiendriez votre DEUG en trois ans au lieu de deux…
- Oui, mais en finissant ma première année de MIAS j’aurais au moins validé une année. Se réorienter au deuxième semestre, c’est pas facile, si je commence le DEUG d’Economie maintenant, je ne suis pas sûre de pouvoir rattraper les cours que je n’ai pas suivis au premier semestre, ce qui me ferait redoubler de toute façon. Et puis on m’a conseillé de finir mon année pour avoir un très bon niveau en Mathématiques et en Informatique, ça m’aidera beaucoup pour le DEUG d’Eco.
Quelles sont les démarches à faire pour s’inscrire ?
- Vous retirez un dossier en mai-juin et on l’examinera pour savoir si vous pouvez être prise.
- Et à quoi font-ils attention ?
- A vos notes principalement. Vous étiez dans quelle filière au lycée ?
- S.
- Vous aviez de bonnes notes en Maths ?
- Elles étaient moyennes.
- Et cette année ?
- Ca va (je suis en DEUG de Maths…)
- Et dans les autres matières ?
- En général, ça marche plutôt bien.
- Mais pourquoi vous voulez changer alors ?
- Parce que ça ne me plaît plus.
- Dans ce cas, vous feriez mieux de changer maintenant.
- Mais je préfère finir mon année d’abord !
- C’est votre affaire… mais bon je vous aurait prévenue...
»
Non mais, comment voulez-vous qu'on s'en sorte ?
- Bonjour, j’aimerais savoir comment faire pour intégrer le DEUG d’Economie l’année prochaine, s’il vous plaît.
- Quelle est votre situation ?
- Je suis en première année de DEUG MIAS (Mathématiques et Informatique).
- Vous savez que vous pouvez vous réorienter maintenant pour intégrer le DEUG au deuxième semestre ?
- Oui, mais je préférerais finir mon année de MIAS d’abord.
- Ah bon, mais dans ce cas-là vous obtiendriez votre DEUG en trois ans au lieu de deux…
- Oui, mais en finissant ma première année de MIAS j’aurais au moins validé une année. Se réorienter au deuxième semestre, c’est pas facile, si je commence le DEUG d’Economie maintenant, je ne suis pas sûre de pouvoir rattraper les cours que je n’ai pas suivis au premier semestre, ce qui me ferait redoubler de toute façon. Et puis on m’a conseillé de finir mon année pour avoir un très bon niveau en Mathématiques et en Informatique, ça m’aidera beaucoup pour le DEUG d’Eco.
Quelles sont les démarches à faire pour s’inscrire ?
- Vous retirez un dossier en mai-juin et on l’examinera pour savoir si vous pouvez être prise.
- Et à quoi font-ils attention ?
- A vos notes principalement. Vous étiez dans quelle filière au lycée ?
- S.
- Vous aviez de bonnes notes en Maths ?
- Elles étaient moyennes.
- Et cette année ?
- Ca va (je suis en DEUG de Maths…)
- Et dans les autres matières ?
- En général, ça marche plutôt bien.
- Mais pourquoi vous voulez changer alors ?
- Parce que ça ne me plaît plus.
- Dans ce cas, vous feriez mieux de changer maintenant.
- Mais je préfère finir mon année d’abord !
- C’est votre affaire… mais bon je vous aurait prévenue...
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Non mais, comment voulez-vous qu'on s'en sorte ?
Ciudad Juarez
Cette ville est en train de devenir mythique. Mais elle, ce n’est pas du rêve qu’elle crée, plutôt de la terreur. Depuis 1993, 370 femmes ont été retrouvées assassinées dans cette ville du Mexique de 1 300 000 habitants située à la frontière avec les Etats-Unis et 400 sont portées disparues.
A chaque fois les crimes sont commis selon un rituel semblable : les femmes (ou jeunes filles, car beaucoup d’entre elles ne sont que des adolescentes) répondent toujours aux mêmes caractéristiques : issues de milieux pauvres, souvent ouvrières, menues, brunes aux cheveux longs. Elles sont enlevées, subissent des sévices sexuels (pour au moins 137 d’entre elles) et des tortures puis sont étranglées. On les retrouve quelques jours ou quelques semaines après, parfois plus, parfois jamais, en centre-ville ou dans des terrains vagues des faubourgs. Elles ont tellement été mutilées que la plupart du temps on ne peut pas les identifier.
Selon les ONG, les enquêtes sont bâclées : des corps ont été jetés dans des fosses communes sans qu’aucun prélèvement ADN n’ait été fait pour les identifier, la police concentre ses enquêtes sur l’entourage des victimes, sans se pencher sur les réseaux de crimes organisés, les lieux où sont retrouvés les corps ne sont pas protégés et parfois les indices disparaissent ; de nombreux autres témoignages et preuves démontrent l’implication de criminels locaux mais les enquêtes ne sont pas orientées vers ces pistes...
En 1995, le principal suspect, un chimiste d’origine égyptienne, Abdel Sharif Sharif est arrêté, ainsi que ses complices présumés, « Los Rebeldes ». Depuis, 80 femmes ont été assassinées et le procès de Sharif Sharif est en cours de révision, son avocate a été menacée de mort et son fils a survécu par miracle à un attentat. En 2001 ensuite, deux chauffeurs de bus sont accusés de huit crimes et avouent sous la torture. L’un d’eux, Gustavo Gonzalez, décède d’une opération chirurgicale effectuée dans la prison de Ciudad Juarez et son avocat, Mario Escovedo, est assassiné par la police, celle-ci prétendant « l’avoir confondu avec un autre ».
En fait, tout indique que la police cherche à protéger les coupables. Plusieurs témoignage la dénoncent d’ailleurs comme étant responsable et impliquée directement dans les crimes : ainsi la seule femme rescapée d’un enlèvement a dénoncé en 1998 le commandant de la police judiciaire fédérale, Jorge Garcia, comme étant son ravisseur. Depuis le 22 juillet 2003 seulement, le gouvernement mexicain a lancé un plan dans le but d’accélérer le rythme des enquêtes mais depuis, les corps disparaissent purement et simplement. Des avocats, juges, procureurs, journalistes et opposants au gouverneur Patricio Martínez ont été menacés.
L’impunité dont bénéficient les meurtriers démontre qu’il existe un lien entre eux et les narcotrafiquants : dans cette région, eux seuls sont assez puissants pour s’assurer l’aide de la police et organiser les crimes de manière aussi efficace. Le cartel de la ville est décrit comme le plus florissant du Mexique et ses liens avec la police locale sont mêmes connus du FBI américain. Quant à savoir si c’est la police ou le gouvernement local qui commandite ces crimes… La seule chose dont les criminologues sont à peu près certains c’est que les meurtriers seraient un ou deux tueurs en série, mais pas forcément mexicains et qui agiraient « pour s’amuser ».
Alors que cette ville se débat déjà avec une forte criminalité, favorisée par une situation économique déplorable (de nombreuses personnes travaillent dans les maquiladoras de la région), la vague de meurtre a engendré une véritable poussée de comportements misogynes, dans une société déjà machiste. A présent, certains individus assassinent des femmes par pur désir d’imitation…
Amnesty International (article et communiqué de presse)
Libération
Le Monde Diplomatique
A chaque fois les crimes sont commis selon un rituel semblable : les femmes (ou jeunes filles, car beaucoup d’entre elles ne sont que des adolescentes) répondent toujours aux mêmes caractéristiques : issues de milieux pauvres, souvent ouvrières, menues, brunes aux cheveux longs. Elles sont enlevées, subissent des sévices sexuels (pour au moins 137 d’entre elles) et des tortures puis sont étranglées. On les retrouve quelques jours ou quelques semaines après, parfois plus, parfois jamais, en centre-ville ou dans des terrains vagues des faubourgs. Elles ont tellement été mutilées que la plupart du temps on ne peut pas les identifier.
Selon les ONG, les enquêtes sont bâclées : des corps ont été jetés dans des fosses communes sans qu’aucun prélèvement ADN n’ait été fait pour les identifier, la police concentre ses enquêtes sur l’entourage des victimes, sans se pencher sur les réseaux de crimes organisés, les lieux où sont retrouvés les corps ne sont pas protégés et parfois les indices disparaissent ; de nombreux autres témoignages et preuves démontrent l’implication de criminels locaux mais les enquêtes ne sont pas orientées vers ces pistes...
En 1995, le principal suspect, un chimiste d’origine égyptienne, Abdel Sharif Sharif est arrêté, ainsi que ses complices présumés, « Los Rebeldes ». Depuis, 80 femmes ont été assassinées et le procès de Sharif Sharif est en cours de révision, son avocate a été menacée de mort et son fils a survécu par miracle à un attentat. En 2001 ensuite, deux chauffeurs de bus sont accusés de huit crimes et avouent sous la torture. L’un d’eux, Gustavo Gonzalez, décède d’une opération chirurgicale effectuée dans la prison de Ciudad Juarez et son avocat, Mario Escovedo, est assassiné par la police, celle-ci prétendant « l’avoir confondu avec un autre ».
En fait, tout indique que la police cherche à protéger les coupables. Plusieurs témoignage la dénoncent d’ailleurs comme étant responsable et impliquée directement dans les crimes : ainsi la seule femme rescapée d’un enlèvement a dénoncé en 1998 le commandant de la police judiciaire fédérale, Jorge Garcia, comme étant son ravisseur. Depuis le 22 juillet 2003 seulement, le gouvernement mexicain a lancé un plan dans le but d’accélérer le rythme des enquêtes mais depuis, les corps disparaissent purement et simplement. Des avocats, juges, procureurs, journalistes et opposants au gouverneur Patricio Martínez ont été menacés.
L’impunité dont bénéficient les meurtriers démontre qu’il existe un lien entre eux et les narcotrafiquants : dans cette région, eux seuls sont assez puissants pour s’assurer l’aide de la police et organiser les crimes de manière aussi efficace. Le cartel de la ville est décrit comme le plus florissant du Mexique et ses liens avec la police locale sont mêmes connus du FBI américain. Quant à savoir si c’est la police ou le gouvernement local qui commandite ces crimes… La seule chose dont les criminologues sont à peu près certains c’est que les meurtriers seraient un ou deux tueurs en série, mais pas forcément mexicains et qui agiraient « pour s’amuser ».
Alors que cette ville se débat déjà avec une forte criminalité, favorisée par une situation économique déplorable (de nombreuses personnes travaillent dans les maquiladoras de la région), la vague de meurtre a engendré une véritable poussée de comportements misogynes, dans une société déjà machiste. A présent, certains individus assassinent des femmes par pur désir d’imitation…
Amnesty International (article et communiqué de presse)
Libération
Le Monde Diplomatique
Aujourd'hui, à Kaboul, la République islamique d’Afghanistan a été proclamée.
« En Afghanistan, aucune loi ne peut être contraire aux croyances et dispositions de la religion sacrée de l'Islam ».
« Les citoyens d'Afghanistan - qu'ils soient homme ou femme - ont des droits et devoirs égaux devant la loi ».
Bonne année, les gens. Ravie de voir que vous êtes toujours là !
« En Afghanistan, aucune loi ne peut être contraire aux croyances et dispositions de la religion sacrée de l'Islam ».
« Les citoyens d'Afghanistan - qu'ils soient homme ou femme - ont des droits et devoirs égaux devant la loi ».
Bonne année, les gens. Ravie de voir que vous êtes toujours là !
Les bruits de couloir de l'Assemblée Nationale
Remaniements, changements, réformes, licenciements, promotions... Est-ce que ça peut marcher si on change tout sans arrêt ?
Raffarin va-t-il se faire virer ? A l'Assemblée, les gens sont aussi colporteurs de ragots qu'ailleurs...
Raffarin va-t-il se faire virer ? A l'Assemblée, les gens sont aussi colporteurs de ragots qu'ailleurs...
L’information en temps pas réel… Désolée !
Lundi dernier a eu lieu, à l’Ecole Militaire (Paris), un colloque sur l’intelligence économique (sous-entendu l’espionnage industriel, pour ceux qui, comme moi, ne voient pas tout de suite de quoi il s’agit tellement le terme est explicite) organisé d’après le rapport portant sur le même sujet livré récemment au gouvernement par Bernard Carayon, député du Tarn.
Après cinq bonnes heures passées à étudier la situation de l’espionnage industriel en France, son organisation et les difficultés éprouvées par les chefs d’entreprise face à l’énorme machine à renseignements que sont les Etats-Unis, les participants ont pu écouter le discours de clôture de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur. Celui-ci a annoncé deux mesures importantes : premièrement, la collaboration « officielle » (si elle peut l’être) de l’Etat et des entreprises. Autrement dit, désormais les services secrets français (Renseignements Généraux, DST…) livreront les informations utiles aux entreprises, celles-ci économisant ainsi des sommes d’argent considérables allouées d’ordinaire à l’espionnage industriel. L’objectif réel, à peine caché, étant de tout faire pour concurrencer les Etats-Unis.
Deuxièmement, dès le début de l’année 2004, cinq régions (Provence Alpes Côte d’Azur, Pyrénées, Aquitaine, Alsace et Ile-de-France) auront carte blanche pour organiser elles-mêmes leur politique d’intelligence économique et ceci de façon autonome – et donc différentes les unes des autres, en utilisant ce nouveau partenariat entreprises/Etat. En 2005, les régions dont les performances auront été jugées assez satisfaisantes pourront les rejoindre dans ce groupe très fermé. Un autre aspect de la décentralisation, en somme !
Après cinq bonnes heures passées à étudier la situation de l’espionnage industriel en France, son organisation et les difficultés éprouvées par les chefs d’entreprise face à l’énorme machine à renseignements que sont les Etats-Unis, les participants ont pu écouter le discours de clôture de Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur. Celui-ci a annoncé deux mesures importantes : premièrement, la collaboration « officielle » (si elle peut l’être) de l’Etat et des entreprises. Autrement dit, désormais les services secrets français (Renseignements Généraux, DST…) livreront les informations utiles aux entreprises, celles-ci économisant ainsi des sommes d’argent considérables allouées d’ordinaire à l’espionnage industriel. L’objectif réel, à peine caché, étant de tout faire pour concurrencer les Etats-Unis.
Deuxièmement, dès le début de l’année 2004, cinq régions (Provence Alpes Côte d’Azur, Pyrénées, Aquitaine, Alsace et Ile-de-France) auront carte blanche pour organiser elles-mêmes leur politique d’intelligence économique et ceci de façon autonome – et donc différentes les unes des autres, en utilisant ce nouveau partenariat entreprises/Etat. En 2005, les régions dont les performances auront été jugées assez satisfaisantes pourront les rejoindre dans ce groupe très fermé. Un autre aspect de la décentralisation, en somme !
Equateur vs. Texaco
1972-1992. Epitaphe ? Pendant ces vingt ans, l’entreprise pétrolière Chevron-Texaco a ravagé la forêt équatorienne. Le 29 octobre dernier s’est achevé le procès qui oppose cette firme américaine aux 30 000 indiens et agriculteurs d’Equateur qui ont porté plainte contre elle pour dommages environnementaux.
Pendant vingt ans donc, Chevron-Texaco a déversé « 65 millions de litres de pétrole brut et plus de 75 milliards de litres d’eaux usées contenant des déchets toxiques sur la forêt équatoriale et dans les fleuves » (voir l’article de Rita Burgos), ainsi que quantité de mercure.
L’entreprise est notamment à l’origine de la construction, dans les années 1970, du Système d’Oléoduc Transéquatorien (SOTE), un pipe-line de 498 kilomètres de long qui traverse la forêt amazonienne et les Andes pour déboucher sur le Pacifique. Une gigantesque usine à pollution et maladies à cause de ses fuites, qui touchent particulièrement la région de l’Oriente, au nord-est du pays. Elles ont contaminé l’eau, la faune et la flore, causant des maladies telles que des dysenteries, maladies pulmonaires et de la peau et autres cancers le long des fleuves Napo, Aguarico et San Miguel. Au nord de la ville de Lago Agrio (aujourd’hui rebaptisée Nueva Loja), une ethnie entière a disparu.
Sans parler des 10 millions de kilomètres carrés que la forêt tropicale aurait perdus à cause de la pollution et des défrichements.
L’exploitation du pétrole équatorien par des compagnies étrangères a longtemps été encouragée par le gouvernement, le brut restant la plus importante ressource économique d’Equateur. La Texaco n’est pas la seule à en avoir profité : Tripetrol, Elf, Shell, Maxus ou Continental étaient également de la partie.
Le procès vient tout juste de s’achever, mais en réalité les indiens de la région sont entrés dans cette bataille juridique depuis plus de dix ans, avec de nombreux dépôts de plaintes devant le tribunal de New York et tout autant de rejets. Ils se sont finalement tournés vers la Cour supérieure de justice de Nueva Loja, qui a estimé leur plainte recevable au mois de mai dernier.
Les indiens et agriculteurs qui se sont attaqués à l’entreprise, représentant huit ethnies locales, réclament 1,5 milliards de dollars de dédommagement, alors que les experts considèrent que le coût des dommages causés s’élève à six milliards de dollars ; mais rien ne pourra rembourser tous les maux dont souffre la population locale depuis que l’entreprise s’est implantée là-bas. Aujourd’hui, la Chevron-Texaco est partie mais les fleuves et les sols sont toujours pollués, ce qui veut dire que les problèmes de la population sont loin d’être terminés. Qui s’en occupera ?
L’histoire de ces indiens n’est pas complètement noire. Elle montre que, après des années d’exploitation de leurs ressources (environnementales comme humaines), certains peuples du Tiers-Monde trouvent la force de s’organiser pour faire face aux pays occidentaux qui se sont implantés chez eux et sont repartis un beau jour, laissant derrière eux tellement de dégâts, et ce par le biais de la justice.
Pendant vingt ans donc, Chevron-Texaco a déversé « 65 millions de litres de pétrole brut et plus de 75 milliards de litres d’eaux usées contenant des déchets toxiques sur la forêt équatoriale et dans les fleuves » (voir l’article de Rita Burgos), ainsi que quantité de mercure.
L’entreprise est notamment à l’origine de la construction, dans les années 1970, du Système d’Oléoduc Transéquatorien (SOTE), un pipe-line de 498 kilomètres de long qui traverse la forêt amazonienne et les Andes pour déboucher sur le Pacifique. Une gigantesque usine à pollution et maladies à cause de ses fuites, qui touchent particulièrement la région de l’Oriente, au nord-est du pays. Elles ont contaminé l’eau, la faune et la flore, causant des maladies telles que des dysenteries, maladies pulmonaires et de la peau et autres cancers le long des fleuves Napo, Aguarico et San Miguel. Au nord de la ville de Lago Agrio (aujourd’hui rebaptisée Nueva Loja), une ethnie entière a disparu.
Sans parler des 10 millions de kilomètres carrés que la forêt tropicale aurait perdus à cause de la pollution et des défrichements.
L’exploitation du pétrole équatorien par des compagnies étrangères a longtemps été encouragée par le gouvernement, le brut restant la plus importante ressource économique d’Equateur. La Texaco n’est pas la seule à en avoir profité : Tripetrol, Elf, Shell, Maxus ou Continental étaient également de la partie.
Le procès vient tout juste de s’achever, mais en réalité les indiens de la région sont entrés dans cette bataille juridique depuis plus de dix ans, avec de nombreux dépôts de plaintes devant le tribunal de New York et tout autant de rejets. Ils se sont finalement tournés vers la Cour supérieure de justice de Nueva Loja, qui a estimé leur plainte recevable au mois de mai dernier.
Les indiens et agriculteurs qui se sont attaqués à l’entreprise, représentant huit ethnies locales, réclament 1,5 milliards de dollars de dédommagement, alors que les experts considèrent que le coût des dommages causés s’élève à six milliards de dollars ; mais rien ne pourra rembourser tous les maux dont souffre la population locale depuis que l’entreprise s’est implantée là-bas. Aujourd’hui, la Chevron-Texaco est partie mais les fleuves et les sols sont toujours pollués, ce qui veut dire que les problèmes de la population sont loin d’être terminés. Qui s’en occupera ?
L’histoire de ces indiens n’est pas complètement noire. Elle montre que, après des années d’exploitation de leurs ressources (environnementales comme humaines), certains peuples du Tiers-Monde trouvent la force de s’organiser pour faire face aux pays occidentaux qui se sont implantés chez eux et sont repartis un beau jour, laissant derrière eux tellement de dégâts, et ce par le biais de la justice.
Le nouvel article se fait attendre, non ? Je sais, je sais... Le plus dur n'est pas d'écrire l'article, mais de trouver le sujet. L'un de mes "principes" est de traiter, en réponse aux sujets déprimants, noirs et révoltants, d'événements qui montrent que tout n'est pas déprimant, noir et révoltant.
Et c'est dur...
Bientôt...
Et c'est dur...
Bientôt...
Vu sur le site web de Courrier International aujourd'hui :
Plus de six mois après la fin des opérations militaires majeures en Irak, le New York Times rapporte une information qui éclaire sous un autre jour les préparatifs même de la guerre. “Alors que les soldats américains se massaient sur la frontière irakienne et que les diplomates glosaient sur la guerre, un conseiller influent du Pentagone a reçu un message secret d’un homme d’affaires libano-américain : ‘Saddam Hussein voulait conclure un accord’.” La rencontre s’est faite à Londres, au début du mois de mars 2003, entre Richard Perle, l’un des faucons de l’administration Bush, et Imad Hage, qui avait été chargé par le régime de Saddam Hussein de procéder à des négociations secrètes de la dernière chance. “Les responsables irakiens, dont le chef des services de renseignement, ont dit à l’homme d’affaires qu’il voulait faire savoir à Washington qu’ils n’avaient plus d’armes de destruction massive et qu’ils proposaient aux experts et soldats américains de mener les recherches. L’homme d’affaires a déclaré dans une interview que les Irakiens avaient également offert de remettre un homme détenu à Bagdad et accusé de participation à l’attentat contre le World Trade Center en 1993. A un certain moment, le camp de Saddam a aussi promis de tenir des élections”, rapporte le New York Times.
PhR
Plus de six mois après la fin des opérations militaires majeures en Irak, le New York Times rapporte une information qui éclaire sous un autre jour les préparatifs même de la guerre. “Alors que les soldats américains se massaient sur la frontière irakienne et que les diplomates glosaient sur la guerre, un conseiller influent du Pentagone a reçu un message secret d’un homme d’affaires libano-américain : ‘Saddam Hussein voulait conclure un accord’.” La rencontre s’est faite à Londres, au début du mois de mars 2003, entre Richard Perle, l’un des faucons de l’administration Bush, et Imad Hage, qui avait été chargé par le régime de Saddam Hussein de procéder à des négociations secrètes de la dernière chance. “Les responsables irakiens, dont le chef des services de renseignement, ont dit à l’homme d’affaires qu’il voulait faire savoir à Washington qu’ils n’avaient plus d’armes de destruction massive et qu’ils proposaient aux experts et soldats américains de mener les recherches. L’homme d’affaires a déclaré dans une interview que les Irakiens avaient également offert de remettre un homme détenu à Bagdad et accusé de participation à l’attentat contre le World Trade Center en 1993. A un certain moment, le camp de Saddam a aussi promis de tenir des élections”, rapporte le New York Times.
PhR
Et voici enfin et en exclusivité celui qui vous attendiez tous avec impatience : le cinquième et ultime épisode de la saga Où en est l’Afghanistan ? !!! (Comme quoi on peut faire du spectacle avec tout...)
Où en est l’Afghanistan ? 5. Sécurité intérieure
Ça n’est plus un secret, la coalition américaine peine en Afghanistan. Les 11 500 hommes, dont 8500 Américains, ont bien du mal à instaurer un climat de sécurité stable, la menace la plus importante restant celle d’une nouvelle percée des talibans. En effet, il semble que ceux-ci, réorganisés grâce à une nouvelle administration militaire et la reprise des activités de la plupart des anciens chefs, mènent des attaques de plus en plus nombreuses, en particulier dans les zones pachtounes, situées à la frontière avec le Pakistan, où les talibans trouvent de l'aide.
Pour beaucoup, la recrudescence des activités des talibans est directement liée au comportement des troupes de la coalition sur le sol afghan : irrespect de la culture locale sous de nombreuses formes et arrestations arbitraires et violentes, conséquences de la « chasse aux terroristes », sont notamment observés de manière trop fréquente. Certains Afghans en sont d’ailleurs venus à penser que le combat des Américains était dirigé contre les musulmans en général. De plus, les militaires se sont avérés incapables d’empêcher l’augmentation du banditisme, qui se généralise peu à peu ; terrorisée, la population commence à se tourner vers les talibans qui, selon elle, maintenaient une « paix » relative lorsqu’ils étaient au pouvoir.
D’autres pensent que le danger que représentent les talibans est exagéré par les « seigneurs de la guerre » avec qui la coalition a fait alliance, qui conserveraient ainsi un rôle majeur dans l’administration du pays alors que le poids du pouvoir central est toujours largement insuffisant.
Les problèmes de sécurité touchent également la population de manière indirecte. Ainsi, la situation sanitaire dans laquelle elle se trouve, déjà dramatique, s’avère de plus en plus difficile à gérer : les civils travaillant pour des ONG sont pris pour cibles lors des attentats car considérés comme alliés de la coalition, ce qui rend leur vie et leur travail extrêmement menacés.
Le Monde a récemment pointé du doigt l’intensification de la culture du pavot en Afghanistan (interdite en janvier 2002 par le président Hamid Karzaï) : la surface qui y est consacrée est passée de 74 000 hectares en 2002 à 80 000 en 2003 et la production d'opium de 3400 à 3 600 tonnes, faisant du pays le premier producteur d’opium mondial ; « vingt-huit provinces : sur les 32 que compte l'Afghanistan, sont affectées aujourd'hui, pour 18 en 1999 » (édition du 30/10/2003). La lutte contre la culture du pavot s’avère d’autant plus difficile que celle-ci fait vivre de nombreux agriculteurs et « représenterait l'équivalent de la moitié du produit intérieur brut (PIB) de l'Afghanistan, qui s'élève à 4,4 milliards de dollars (3,8 milliards d'euros) » (édition du 29/10/2003), selon l'Office contre la drogue et le crime (UNODC) des Nations unies.
La drogue augmente l’insécurité dans le pays, les commandants se disputant le contrôle de la culture du pavot et de la production d’opium pour renforcer leur pouvoir.
Où en est l’Afghanistan ? 5. Sécurité intérieure
Ça n’est plus un secret, la coalition américaine peine en Afghanistan. Les 11 500 hommes, dont 8500 Américains, ont bien du mal à instaurer un climat de sécurité stable, la menace la plus importante restant celle d’une nouvelle percée des talibans. En effet, il semble que ceux-ci, réorganisés grâce à une nouvelle administration militaire et la reprise des activités de la plupart des anciens chefs, mènent des attaques de plus en plus nombreuses, en particulier dans les zones pachtounes, situées à la frontière avec le Pakistan, où les talibans trouvent de l'aide.
Pour beaucoup, la recrudescence des activités des talibans est directement liée au comportement des troupes de la coalition sur le sol afghan : irrespect de la culture locale sous de nombreuses formes et arrestations arbitraires et violentes, conséquences de la « chasse aux terroristes », sont notamment observés de manière trop fréquente. Certains Afghans en sont d’ailleurs venus à penser que le combat des Américains était dirigé contre les musulmans en général. De plus, les militaires se sont avérés incapables d’empêcher l’augmentation du banditisme, qui se généralise peu à peu ; terrorisée, la population commence à se tourner vers les talibans qui, selon elle, maintenaient une « paix » relative lorsqu’ils étaient au pouvoir.
D’autres pensent que le danger que représentent les talibans est exagéré par les « seigneurs de la guerre » avec qui la coalition a fait alliance, qui conserveraient ainsi un rôle majeur dans l’administration du pays alors que le poids du pouvoir central est toujours largement insuffisant.
Les problèmes de sécurité touchent également la population de manière indirecte. Ainsi, la situation sanitaire dans laquelle elle se trouve, déjà dramatique, s’avère de plus en plus difficile à gérer : les civils travaillant pour des ONG sont pris pour cibles lors des attentats car considérés comme alliés de la coalition, ce qui rend leur vie et leur travail extrêmement menacés.
Le Monde a récemment pointé du doigt l’intensification de la culture du pavot en Afghanistan (interdite en janvier 2002 par le président Hamid Karzaï) : la surface qui y est consacrée est passée de 74 000 hectares en 2002 à 80 000 en 2003 et la production d'opium de 3400 à 3 600 tonnes, faisant du pays le premier producteur d’opium mondial ; « vingt-huit provinces : sur les 32 que compte l'Afghanistan, sont affectées aujourd'hui, pour 18 en 1999 » (édition du 30/10/2003). La lutte contre la culture du pavot s’avère d’autant plus difficile que celle-ci fait vivre de nombreux agriculteurs et « représenterait l'équivalent de la moitié du produit intérieur brut (PIB) de l'Afghanistan, qui s'élève à 4,4 milliards de dollars (3,8 milliards d'euros) » (édition du 29/10/2003), selon l'Office contre la drogue et le crime (UNODC) des Nations unies.
La drogue augmente l’insécurité dans le pays, les commandants se disputant le contrôle de la culture du pavot et de la production d’opium pour renforcer leur pouvoir.
Waaahh… Je viens de découvrir que mon site a été chroniqué il y a presque un mois dans mediaTIC, un site sur l’actualité des blogs…
Voilà la critique :
« Blog d'actualité
Ce n'est pas tous les jours qu'on découvre un blog en français sur l'actualité ; Stir WeBox traite des nouvelles internationales et se penche ces temps-ci sur l'Afghanistan et la conférence de l'O.M.C. à Cancun. Intéressant de se pencher sur ces propos. »
Ca me fait vraiment bizarre. Je suis lue !! Merci…
Pour la peine, je le rajoute dans les liens...
Voilà la critique :
« Blog d'actualité
Ce n'est pas tous les jours qu'on découvre un blog en français sur l'actualité ; Stir WeBox traite des nouvelles internationales et se penche ces temps-ci sur l'Afghanistan et la conférence de l'O.M.C. à Cancun. Intéressant de se pencher sur ces propos. »
Ca me fait vraiment bizarre. Je suis lue !! Merci…
Pour la peine, je le rajoute dans les liens...
Mother India et Freud
Dans son livre Fous de l’Inde, Régis Airault témoigne de son expérience en tant que psychiatre au consulat français de Bombay. Pendant ses quelques années passées là-bas, il a pu à de nombreuses reprises observer que des troubles psychiatriques variés se déclarent chez beaucoup d’occidentaux, simples touristes ou résidents permanents. La plupart de ces personnes sont des adolescents au sens médical du terme (elles ont entre 15 et 30 ans) et se sont rendus en Inde de leur plein gré ; certaines ont très vite manifesté un « rejet » du pays dû au choc culturel devenu insurmontable, mais d’autres n’ont développé ces symptômes qu’au bout de plusieurs mois, voire plusieurs années.
Régis Airault a alors tenté de savoir quel était le facteur déclenchant de ces troubles (bien que différent selon chaque cas) et s’est notamment penché sur une tradition sociologique propre à bien des sociétés : le rite initiatique du passage à l’âge adulte. En effet, beaucoup de peuples incluent encore dans leurs coutumes une sorte de « test », passage obligé pour chaque adolescent et qui peut prendre différentes formes. Pour l’auteur, le service militaire était pour nous la dernière trace de survivance de cette période de transition et désormais, plus rien ne symbolise la rupture entre adolescence et âge adulte.
C’est certainement la raison pour laquelle de nombreux jeunes éprouvent le besoin de partir en voyage pendant quelques semaines ou plusieurs mois, dans le but de reconstituer ce rituel. Les troubles psychiatriques survenant au bout d’un moment (pour ceux qui auraient choisi l’Inde) auraient alors un rapport direct avec l’état mental hyper réceptif dans lequel ils se placent, alimenté par l’expérience d’un pays aux normes sociales tellement différentes qu’elles finissent par bousculer tout le schéma psychologique intégré par l’individu au cours de sa vie. L’auteur a d’ailleurs observé que souvent, ces troubles sont causés par des problèmes personnels non résolus, le voyage en Inde n’étant que le facteur déclenchant.
De retour dans leur pays d’origine, les patients voient leurs symptômes disparaître subitement et la plupart du temps définitivement, ayant retrouvé leur cadre social.
Au-delà de cette étude plus que captivante, il est intéressant de penser que chaque adolescent porte en lui le besoin instinctif de faire une pause et partir loin, à la découverte de lui-même et des autres, à la recherche de ses limites… Ce n’est peut-être pas ce qui vient à l’esprit de tout le monde en lisant cet ouvrage, mais j’ai trouvé cela « amusant » (et très révélateur).
Régis Airault a alors tenté de savoir quel était le facteur déclenchant de ces troubles (bien que différent selon chaque cas) et s’est notamment penché sur une tradition sociologique propre à bien des sociétés : le rite initiatique du passage à l’âge adulte. En effet, beaucoup de peuples incluent encore dans leurs coutumes une sorte de « test », passage obligé pour chaque adolescent et qui peut prendre différentes formes. Pour l’auteur, le service militaire était pour nous la dernière trace de survivance de cette période de transition et désormais, plus rien ne symbolise la rupture entre adolescence et âge adulte.
C’est certainement la raison pour laquelle de nombreux jeunes éprouvent le besoin de partir en voyage pendant quelques semaines ou plusieurs mois, dans le but de reconstituer ce rituel. Les troubles psychiatriques survenant au bout d’un moment (pour ceux qui auraient choisi l’Inde) auraient alors un rapport direct avec l’état mental hyper réceptif dans lequel ils se placent, alimenté par l’expérience d’un pays aux normes sociales tellement différentes qu’elles finissent par bousculer tout le schéma psychologique intégré par l’individu au cours de sa vie. L’auteur a d’ailleurs observé que souvent, ces troubles sont causés par des problèmes personnels non résolus, le voyage en Inde n’étant que le facteur déclenchant.
De retour dans leur pays d’origine, les patients voient leurs symptômes disparaître subitement et la plupart du temps définitivement, ayant retrouvé leur cadre social.
Au-delà de cette étude plus que captivante, il est intéressant de penser que chaque adolescent porte en lui le besoin instinctif de faire une pause et partir loin, à la découverte de lui-même et des autres, à la recherche de ses limites… Ce n’est peut-être pas ce qui vient à l’esprit de tout le monde en lisant cet ouvrage, mais j’ai trouvé cela « amusant » (et très révélateur).
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